Le gendre du roi d'Espagne, Inaki Urdangarin, homme d'affaires et brillant sportif, est entendu samedi par un juge des Baléares dans une enquête sur une affaire de corruption qui jette un parfum de scandale inédit sur la discrète famille royale.

Le duc de Palma, ancien médaillé olympique de handball, époux de l'infante Cristina, la fille cadette du roi Juan Carlos, est soupçonné d'avoir détourné des fonds publics versés à une société de mécénat qu'il a présidée entre 2004 et 2006.

Inaki Urdangarin est attendu à 9h au tribunal de Majorque où il devra répondre aux questions du juge d'instruction José Castro.

Arrivé vendredi soir aux Baléares en compagnie de son épouse, il a rejoint en voiture le Palais de Marivent, une demeure en bord de mer qui sert de résidence d'été à la famille royale dans l'archipel.

À la demande de la police et pour des raisons exceptionnelles de «sécurité», il a été autorisé à se rendre en voiture, et non à pied, samedi jusqu'à l'entrée du Palais de justice.

Cet homme mince et élégant de 44 ans, aux allures de gendre idéal, est le personnage central d'un feuilleton médiatico-judiciaire sans précédent en Espagne: jamais l'entourage du roi Juan Carlos et de la reine Sofia, un couple royal très respecté, n'avait été touché par un tel scandale.

Inaki Urdangarin est soupçonné d'avoir détourné de l'argent versé à l'Institut Noos par les autorités régionales des Baléares et de Valence pour organiser des événements sportifs.

L'enquête porte sur la «falsification de documents, détournement de fonds publics et fraude», précise l'une des pièces du dossier.

Les sommes en jeu ne sont pas connues. Mais selon Eduardo Inda, journaliste au quotidien El Mundo, qui enquête sur cette affaire, «17 millions d'euros» pourraient s'être volatilisés du fait des activités d'Inaki Urdangarin et de son ancien associé, Diego Torres.

Les démêlés judiciaires du duc de Palma ont éclaté au grand jour à la fin 2011. Le gendre embarrassant, qui vit à Washington, a alors été écarté des apparitions officielles de la famille royale.

Le scandale jette un soupçon teinté de malaise sur l'image de la monarchie espagnole. Chaque jour apporte désormais son lot de révélations dans les colonnes des médias, habituellement très respectueux envers la famille royale.

«C'est une situation préoccupante, qui a peu à peu créé un malaise, parce que cela touche à la première institution du pays, à la couronne», remarque la journaliste et écrivain Pilar Urbano, spécialiste de la famille royale.