Quelque 1500 personnes se sont rassemblées dimanche, selon la police, dans le centre d'Athènes pour protester contre le nouveau tour de vis de rigueur compris dans le plan de sauvetage de la Grèce, qui doit être en principe avalisé lundi à Bruxelles par la zone euro.

Une semaine après des manifestations massives et violentes, qui ont accompagné l'adoption par le parlement du mémorandum négocié avec les créanciers du pays, l'UE et le FMI, imposant des économies de 3,2 milliards d'euros pour 2012, les syndicats du privé GSEE et du public Adedy appelaient dimanche à poursuivre «la lutte contre l'austérité».

Sur la place Syntagma devant le parlement, les banderoles critiquaient les coupes salariales, surtout la baisse de 22% du salaire minimum (740 euros actuellement), adoptées par le gouvernement de coalition réunissant la droite (Nouvelle-Démocratie) et les socialistes (Pasok).

«Le consensus national est une combine, la pauvreté et la faim n'ont pas de nationalité» indiquait une banderole sous-titrée en anglais: «All of us we are Greeks, Merkel and Sarkozy are freaks».

Propriétaire de taxi, Gregoris Militis, 52 ans, explique qu'il est venu manifester, car son chiffre d'affaires a baissé de 65% par mois. «Les gens ne prennent plus le taxi que pour les urgences, je suis contre la politique du mémorandum qui conduit à l'impasse. Il faut que tout le monde soit dans la rue» dit-il.

Un rassemblement de la gauche radicale est prévu en fin d'après-midi.

Ces manifestations interviennent après une semaine de course contre la montre pour le gouvernement grec, qui, sous intense pression européenne, a finalisé de nouvelles mesures de rigueur dans le budget 2012, une des conditions préalables pour obtenir le déclenchement du deuxième plan de sauvetage du pays comprenant un prêt international de 130 milliards d'euros et un plan de restructuration et d'effacement de dette.

Faisant suite à un premier prêt en 2010, le second est vital pour la Grèce, menacée de faillite dans un mois, à l'échéance d'une obligation de 14,5 milliards d'euros.

L'Allemagne et les autres pays «durs» de la zone euro, bénéficiant d'une notation financière triple AAA, Finlande, Pays-Bas et Luxembourg, n'ont cessé d'avertir Athènes qu'elle devrait se conformer à leurs demandes, qui outre l'approbation de mesures d'austérité comprenaient aussi des lettres d'engagement des deux partis gouvernementaux sur la politique d'austérité, qui ont finalement été envoyées mercredi à Bruxelles.

Samedi, le conseil des ministres a approuvé des coupes supplémentaires dans les retraites principales et supplémentaires pour combler un trou de 325 millions d'euros dans le budget de 2012, comme l'exigeaient l'UE et le FMI.

Selon un projet de loi, qui doit être débattu au parlement la semaine prochaine, les pensions des retraites principales supérieures à 1300 euros par mois seront réduites de 12%, après de premières coupes de l'ordre de 10% imposées en 2010. Seule exception, les retraites des marins qui seront baissées de 7%.

Les experts de la zone euro (Euroworking) devaient se réunir dimanche pour préparer la réunion des ministres des Finances de lundi au cours duquel le gouvernement grec attend le feu vert du nouveau prêt, selon cette source.

«Il y a un optimisme dans la mesure où tout ce qu'on nous a réclamé a été fait et la troïka (UE-BCE-FMI) l'a approuvé», a indiqué samedi le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis, à la télé privée Mega.

Il a toutefois reconnu que «la discussion serait très difficile, car il y a plusieurs avis.

Le climat au sein de la zone euro s'est apaisé vendredi à la suite d'une conversation téléphonique, sur initiative du chef du gouvernement italien Mario de M. Monti, entre ce dernier la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre grec Lucas Papademos.

Tous les trois ont exprimé leur espoir de parvenir lundi à un accord au sein de l'Eurogroupe sur le déblocage du prêt à Grèce, qui a pris d'importants retards face à la situation cruciale du pays.

«Dernier round pour l'accord», titrait dimanche le journal libéral grec Kathimérini, soulignant que «le but du gouvernement est de lancer l'offre pour les nouvelles obligations des banques créancières d'ici le 8 mars».

Outre le nouveau prêt, le plan de sauvetage prévoit l'effacement de 50% de la dette privée du pays, soit 100 milliards d'euros, et l'émission de nouvelles obligations pour la dette restant.

M. Papademos a réitéré samedi lors du conseil des ministres que «le temps pressait particulièrement pour la mise en oeuvre du nouveau programme» d'assainissement de l'économie.

Pour l'opposition de la gauche communiste et radicale, les mesures successives de rigueur n'ont conduit qu'à la récession, qui se poursuit pour la cinquième année consécutive et renforce la tutelle des Européens sur la Grèce.

«Gendarmes cerbères, des commissaires dans tous les ministères», titrait dimanche le quotidien Ethnos (centre-gauche) allusion aux experts européens présents dans tous les ministères pour contrôler les comptes du pays.