Le Kosovo, qui a fêté vendredi le 4e anniversaire de son indépendance de la Serbie, demeure dans l'incapacité d'asseoir son autorité sur l'ensemble de son territoire et d'enrayer la pauvreté et surtout la corruption rampante dénoncée par l'Union européenne.

Des unités des Forces de sécurité du Kosovo ont défilé le long du principal boulevard de Pristina sous les applaudissements de plusieurs milliers de personnes qui brandissaient des drapeaux albanais et des États-Unis, le principal allié du Kosovo.

«Tous les citoyens (...) voient l'avenir du Kosovo au sein de l'UE et de l'OTAN et dans une amitié éternelle avec les États-Unis», a affirmé, s'adressant à la foule, la présidente Atifete Jahjaga.

Dans un télégramme dont le contenu a été rendu public à Pristina, le président américain Barak Obama salue «les progrès significatifs» réalisés par le Kosovo dans «l'édification d'une démocratie pluraliste, tolérante et multiethnique au coeur des Balkans».

M. Obama assure le Kosovo du soutien américain et se dit confiant de sa future «intégration au sein de la communauté euroatlantique».

L'anniversaire est assombri par un référendum organisé mardi et mercredi par lequel les Serbes du nord du territoire ont rejeté à 99,74% le Kosovo indépendant et dénoncé les concessions qui lui sont faites par Belgrade, selon eux, sous la pression de Bruxelles.

Ce scrutin est sans conséquence légal et néanmoins perçu comme un coup dur porté aux efforts visant à régler les différends entre Pristina et Belgrade.

L'UE qui doit se prononcer prochainement sur la demande de la Serbie d'obtenir le statut de candidat à l'adhésion, exige des progrès dans les pourparlers entre Belgrade et Pristina, qu'elle parraine, avant de prendre une décision en ce sens. Certains accords ont déjà été arrachés, ce qui déplaît aux Serbes du nord.

Pour Pristina, le référendum a démontré une fois de plus qu'un tiers des Serbes vivant au Kosovo refusaient de reconnaître son autorité.

Pour cette raison, «on peut dire que le Kosovo célèbre une indépendance tronquée», a affirmé l'analyste politique kosovar Artan Mustafa.

Au total, 120 000 Serbes habitent au Kosovo (qui compte deux millions d'habitants), dont les deux tiers se trouvent dans des enclaves du sud -entourées par la majorité albanaise- et sont plus ouverts à une coopération avec Pristina.

Le Kosovo est également confronté à une pauvreté extrême, avec le chômage frappant 40% de la population, dont 15% vivent dans une pauvreté extrême avec un euro (1,30 $)par jour, selon la Banque mondiale.

En octobre dernier, Bruxelles a exprimé sa «vive préoccupation» face à la «corruption étendue» dans ce pays et à la «capacité limitée d'enquêter sur ce genre de délits».

Le Kosovo se trouve sous une certaine forme de supervision internationale depuis la fin du conflit serbo-kosovar (1998-99). Des missions de l'ONU et de l'UE ainsi qu'une Force de l'OTAN y sont notamment présentes.

Depuis 2008, l'indépendance a été reconnue par près de 90 pays, dont des membres de l'UE et les États-Unis. Les Serbes du Kosovo, ainsi que la Serbie appuyée par la Russie, refusent de la reconnaître.

«La reconnaissance de l'indépendance du Kosovo a été une grave erreur qui a violé la législation internationale. Cette erreur ne pourrait être corrigée que si une solution acceptable était trouvée par les Serbes et les Albanais», a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement serbe, Milivoje Mihajlovic.