Athènes se remettait hier des dégâts causés par les manifestations violentes suscitées par le vote d'un plan d'austérité économique draconien au Parlement grec. Malgré l'adoption de ce nouveau plan de sauvetage, l'incertitude persiste quant à savoir si la Grèce parviendra à éviter la faillite et rester dans la zone euro.

Tard dimanche soir, les députés grecs ont adopté par 199 voix contre 74 le plan d'austérité, malgré la grogne de 100 000 manifestants qui ont pris d'assaut les rues d'Athènes pour s'opposer aux nouvelles mesures, qui incluent une baisse de 22% du salaire minimum et la suppression d'un cinquième de l'effectif de la fonction publique en trois ans.

Ce vote était l'une des trois conditions en vue d'obtenir 130 milliards d'euros (172 milliards CAN) dans le cadre d'un second plan d'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Le premier plan de 110 milliards d'euros (132 milliards CAN), accordé en mai 2010, s'est révélé insuffisant pour sortir la Grèce de la crise de la dette. Athènes devra maintenant trouver 325 millions d'euros d'économies supplémentaires dans le budget 2012 et fournir des garanties écrites selon lesquelles les responsables politiques assureront la coalition au pouvoir de leur soutien au plan de rigueur. Les dirigeants grecs doivent s'engager à ne pas revenir sur le plan d'austérité après les élections générales, prévues en avril.

Sans cette nouvelle aide, le pays risque d'être incapable de rembourser les 14,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance le 20 mars prochain. Le second plan, qui n'a pas encore été finalisé, doit s'accompagner d'un échange d'obligations massif avec les créanciers privés de la Grèce, qui effaceront ainsi environ 100 milliards de dettes.

Demain, les ministres des Finances de la zone euro vont se réunir pour discuter du second plan d'aide, qu'ils avaient refusé d'adopter la semaine dernière tant que le Parlement grec n'aurait pas voté les nouvelles mesures.

La porte-parole du ministère allemand des Finances, Marianne Kothe, a prévenu hier que l'Eurogroupe ne prendrait toutefois pas de décision définitive demain. L'accord sur l'échange d'obligations doit d'abord être finalisé, a-t-elle expliqué, et les ministres se concentreront sur toutes les étapes et les mesures «nécessaires au second plan grec».

Pour sa part, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a salué hier le vote du Parlement grec comme une «avancée cruciale» et vitale pour Athènes.

«Je salue le vote positif du Parlement grec sur le second programme» d'austérité, a dit M. Rehn. À ses yeux, il s'agit de «l'expression de la détermination du pays à mettre un terme à la spirale des finances insoutenables et de la perte de compétitivité».

Le vote semble aussi avoir rassuré les investisseurs: la Bourse d'Athènes a gagné 4,7% hier dans la journée.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé hier la tenue d'élections législatives anticipées en avril. Le plan d'austérité a suscité de fortes dissensions au sein des socialistes du PASOK et des conservateurs de la Nouvelle Démocratie qui forment l'actuelle coalition gouvernementale. Les deux partis ont respectivement expulsé 22 et 21 députés rebelles de leurs rangs, réduisant leur majorité de 236 à 193 sièges sur les 300 du Parlement.

Appel au calme

Le premier ministre grec, Lucas Papademos, a lancé un appel au calme, hier matin, en déclarant que le vandalisme et les destructions «n'ont pas leur place en démocratie et ne seront pas tolérés».

Selon le bilan des autorités, les émeutiers ont détruit ou fortement endommagé 93 bâtiments à Athènes. La police a recensé au moins 45 immeubles incendiés. Parmi eux, neuf étaient classés au patrimoine national. De la fumée s'élevait encore hier des décombres d'un immeuble de 1870, qui abritait l'un des plus vieux cinémas de la capitale, l'Attikon, depuis 1916. Les équipes de nettoyage ont aussi dégagé des rues du centre-ville quelque 40 tonnes de marbre brisé et de pierres.

Plus de 170 personnes ont été blessées dans les émeutes. Selon les autorités, 106 policiers ont dû recevoir des soins médicaux après avoir été blessés par des cocktails Molotov, des pierres ou d'autres projectiles et au moins 70 manifestants ont également été hospitalisés. La police a procédé à des dizaines d'interpellations.

À SUIVRE DANS LES PROCHAINS JOURS

15 février

Réunion des ministres des Finances de la zone euro pour discuter du second plan d'aide, qu'ils avaient refusé d'adopter la semaine dernière tant que le Parlement grec n'avait pas voté le plan d'austérité.

20 mars

Les 14,5 milliards d'euros d'obligations de la Grèce arrivent à échéance.

Avril

Des élections législatives anticipées auront lieu «en avril», a annoncé hier le gouvernement grec. Le mandat de l'actuel gouvernement pouvait techniquement durer jusqu'en octobre 2013.

- Avec l'AFP et AP