Un mois moins un jour exactement après le naufrage du Concordia, qui a fait 32 morts, dont 15 qui n'ont pu être retrouvés jusqu'à présent, l'énorme épave gît toujours près de l'île italienne du Giglio (côte ouest), mais le pompage du carburant a pu enfin démarrer dimanche.

Le raccordement de sept réservoirs à un ponton flottant avait été achevé jeudi. La société néerlandaise Smit a commencé avec un jour d'avance, en profitant d'une mer calme, le vidage des cuves.

Les experts de Smit et leurs collègues de la firme italienne Neri doivent aspirer quelque 2400 tonnes de mazout encore contenues par le Concordia qui menacent d'une marée noire le fragile écosystème du Giglio.

Selon Smit et Neri, les opérations, à supposer que les conditions météorologiques restent stables, se dérouleront pendant 28 jours 24 heures sur 24 pour vider 15 réservoirs.

«C'est le premier résultat concret de la mobilisation maximale tant des structures publiques que des entreprises privées», s'est félicité le «Commissariat délégué pour l'urgence» depuis le naufrage du 13 janvier.

«La chose qui me préoccupe le plus c'est que les cuves soient vidées au plus vite», avait déclaré jeudi le chef de la protection civile Franco Gabrielli.

Pendant ce temps, les familles des 15 disparus maintenaient la pression sur les autorités pour que se poursuive la recherche de leurs proches. C'était le cas jeudi de la Française Brigitte Litzler, maman de Mylène, 23 ans, dont toute trace s'est perdue ainsi que celle de son fiancé Michaël, 25 ans.

«S'ils nous voient, nous les parents, les sauveteurs reprendront les recherches. Moi, j'ai les pieds au sec, et si ça se trouve, mes enfants sont là-dedans, en train de croupir dans de l'eau, coincés», dit-elle au Giglio à l'AFP-TV.

Les pompiers avaient effectué des plongées jeudi sur cinq «objectifs» autour de l'épave, en vain. Il leur reste six endroits à explorer

L'autre grande préoccupation est le retrait de l'épave échouée telle une baleine blanche à quelques dizaines de mètres du rivage et du port du Giglio, où accostent les transbordeurs venus du continent.

Dans le meilleur des cas, l'opération pourrait prendre entre 7 et 10 mois, et l'épave ne devrait donc pas disparaître de l'horizon des 800 habitants du Giglio avant l'été 2012.

Le patron de Costa, la compagnie propriétaire du Concordia, Pierluigi Foschi, a assuré aux habitants jeudi qu'il disposerait «à la mi-mars» d'un plan précis de retrait et qu'il compte «programmer cela avec les résidents de façon à éviter» que cela n'affecte la saison touristique.

Si la saison devait être pénalisée, Costa Crociere, «déjà engagée économiquement sur divers plans, fera également face à celui-là», a-t-il dit.

Selon M. Foschi, «95% de l'équipage du Concordia a demandé à revenir travailler» sur les navires du groupe.

L'autre front pour Costa et sa maison mère, le géant américain Carnival, est judiciaire, les demandes de dédommagements via des plaintes, individuelles ou en nom collectif, s'étant multipliées en Europe et aux États-Unis, tandis qu'en Italie, l'enquête pénale sur les causes du naufrage et la gestion de la phase d'évacuation n'est toujours pas terminée.

Seuls sont poursuivis le commandant Francesco Schettino, assigné à résidence, et son second Cirio Ambrosio, laissé en liberté, même si plusieurs responsables du groupe Costa ont été entendus sur leur rôle.

MM. Schettino et Ambrosio sont accusés d'homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire pour avoir fait passer le Concordia trop près des côtes, lors d'une manoeuvre de parade appelée «inchino» (révérence) et pour avoir mal géré l'évacuation puis quitté le paquebot avant la fin du sauvetage.

Des vidéos amateurs ont été diffusées par la chaîne privée Canale 5, montrant les échanges sur la passerelle une demi-heure après l'accident. Elles pourraient aider à faire la lumière sur les responsabilités.

Alors qu'il effectuait une croisière avec à son bord 4229 personnes, dont 3200 passagers de 60 pays et un millier de membres d'équipage de 40 nationalités, le Concordia a heurté un rocher puis est venu s'échouer près du Giglio.