Face aux restrictions imposées par Ottawa, la France invite ses ressortissants à choisir leur député par courrier postal ou électronique. Pour la première fois, les expatriés français éliront 11 députés aux élections législatives du 2 juin prochain.

«Des incertitudes pèsent sur l'organisation du scrutin à l'urne en raison de préoccupations exprimées par les autorités canadiennes», peut-on lire dans une lettre du Consulat général de France adressée au début du mois de février aux ressortissants français.

Si les autorités françaises font «tout leur possible» pour organiser un vote à l'urne, de longues files d'attente seront à prévoir. Le Consulat encourage donc les citoyens français inscrits sur les listes électorales au Canada à voter par correspondance ou par internet.

Le différend entre Paris et Ottawa se poursuit après la création de 11 circonscriptions extraterritoriales pour les Français installés un peu partout dans le monde. Parmi elles, celle de l'Amérique du Nord, formée par le Canada et les États-Unis. Or, depuis 2008, le Canada interdit qu'un pays l'ajoute à sa liste de circonscriptions électorales.

Ottawa n'en démord pas: sur le territoire canadien, point d'élections étrangères.

«Les Canadiens ne veulent pas que des batailles électorales d'autres pays envahissent nos rues et nos communautés. Notre gouvernement refuse de permettre que le Canada fasse partie d'une circonscription électorale d'un autre pays», dit un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Si les deux pays restent «amis», «nous nous entendons pour dire que nous sommes en désaccord sur la question du vote extraterritorial», poursuit-il.

Mais Paris ne renonce pas à l'une des réformes constitutionnelles clés du président Sarkozy. Les électeurs pourront donc voter au consulat, mais pour éviter le raz-de-marée, de nouvelles solutions ont été mises en oeuvre. Pendant ce temps, les candidats continuent à faire discrètement campagne au Canada auprès de leurs compatriotes. «Il faut respecter les convictions de chacun. Le Canada est un pays souverain, mais ce qui nous intéresse, c'est le sort des Français par rapport aux questions françaises. On ne va pas expliquer aux Canadiens comment ils doivent voter», a expliqué Corinne Narassiguin, candidate du Parti socialiste, lors de son passage à Montréal.

Le taux de participation est l'une des grandes inconnues de ce scrutin d'un genre nouveau. Et les difficultés que pourraient connaître les Français pourraient jouer un rôle, croit le candidat Julien Balkany. «Il y a un grand point d'interrogation», dit cet expatrié new-yorkais, demi-frère de l'un des proches de Nicolas Sarkozy. Au Canada, près de 67 000 Français sont inscrits sur les listes électorales au Canada.

Avec Benjamin Tanguay