Le chef d'État français Nicolas Sarkozy, qui souhaitait repousser le plus tard possible son entrée dans la course présidentielle, pourrait précipiter l'annonce de sa candidature afin de tenter de réduire l'écart avec son adversaire socialiste, François Hollande.

Il devra, le cas échéant, manoeuvrer délicatement parce que les semaines à venir comportent nombre de «chausse-trappes» pour le politicien, relève Le Figaro, réputé proche de l'Élysée.

Le quotidien a indiqué hier que l'entourage du président considère tous les détails, y compris le calendrier des saints, avant de prendre une décision définitive à ce sujet.

La Saint-Lazare, le 23 février, serait hors jeu. «Touché par le Christ, Lazare se leva du tombeau. Même si Nicolas Sarkozy est devancé par François Hollande, l'image serait douteuse.»

Le 24 février pour la Sainte-Modeste? «Pour Nicolas Sarkozy, qui veut trancher avec le slogan hollandais du «président normal», ce n'est pas idéal non plus.»

Le 14 février pour la Saint-Valentin? «Trop mièvre», tranche Le Figaro, qui s'attend à ce que le président officialise sa candidature au milieu ou à la fin de la semaine prochaine.

«Un document stratégique»

L'analyse du quotidien a été accueillie avec moquerie par le critique des médias Daniel Schneidermann, du site Arrêt sur Images, qui décrit le calendrier des saints comme un «document stratégique, ultraconfidentiel» pouvant s'avérer déterminant pour la suite de la campagne.

«Le Figaro ne le dit pas, mais le candidat devra aussi éviter quelques obstacles laïques, comme la Sainte-Statistique de chômage, la Saint-Commerce extérieur, la Sainte-Vie chère, la Sainte-Dégradation...», relève M. Schneidermann.

En plus d'alimenter les spéculations médiatiques, la date d'entrée dans la course présidentielle de Nicolas Sarkozy inquiète plusieurs membres de son entourage.

Deux nouveaux sondages indiquant que le candidat socialiste creuse l'écart dans les intentions de vote au premier tour sont susceptibles de faire monter la pression sur l'Élysée.

Lors d'une intervention télévisée, il y a 10 jours, le président a répété que sa priorité, en période de crise, était de se consacrer le plus longtemps possible à la gestion de l'État. Il a assuré du même souffle qu'il ne se «déroberait pas» à son «rendez-vous avec les Français».

Lors d'une rencontre quelques jours plus tard avec les élus de son parti, il leur a demandé de ne pas perdre patience. «J'ai déjà gagné une présidentielle. J'ai l'expérience. Parfois, l'attente fait monter le désir», a-t-il soutenu, en relevant qu'il avait jusqu'à la mi-mars pour se lancer.

Le Parti socialiste accuse depuis plusieurs semaines le président de retarder l'annonce de sa décision afin de faire payer par l'État des déplacements qui devraient normalement être imputés à ses frais de campagne.

«Il est indécent que Nicolas Sarkozy continue de dire: Moi, je m'occupe des affaires de la France, je suis président, je ne suis pas candidat. Il est candidat et il doit en assumer les conséquences», a déclaré hier le chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.