La vague de froid qui sévit en Europe depuis une dizaine de jours a fait de nouvelles victimes, portant le bilan des morts par hypothermie à environ 360, sans compter les victimes des routes glissantes, des poêles défectueux voire des inondations dues à la fonte des neiges.

L'Est du Vieux continent a encore payé le plus lourd tribut, avec neuf morts de froid supplémentaires en Pologne ces dernières 24 heures, a annoncé la police, soit 62 décès depuis le 27 janvier.

La plupart des victimes sont des sans-abri, souvent en état d'ébriété.

La vague de froid a provoqué de nombreuses incendies et des intoxications au monoxyde de carbone, à cause de poêles mal entretenus, qui ont fait 48 morts depuis le début de la vague de froid dans le pays.

Dans la même période, 135 personnes sont mortes de froid en Ukraine, après quatre nouveaux décès depuis dimanche, a indiqué lundi le ministère des Situations d'urgence.

«La raison principale de ces décès est l'abus d'alcool», a expliqué le directeur du département des secouristes de ce ministère, Grigori Martchenko.

Il a assuré que près de 85 000 personnes se sont rendues depuis le 27 janvier dans 3300 postes de secours où les plus démunis peuvent se réchauffer et recevoir un plat chaud.

En Lituanie voisine, douze personnes sont mortes de froid pendant le week-end, portant le bilan à 23 morts, ont rapporté lundi les services de secours locaux.

En République tchèque, un SDF est mort d'hypothermie dimanche à Brno (est), a annoncé lundi la police. La vague de froid a fait au moins 18 morts à travers le pays.

En Bulgarie, cinq personnes sont mortes noyées lundi dans des inondations provoquées par la fonte des neiges près de la frontière avec la Turquie. Le trafic entre les deux pays par le principal poste-frontière de Kapitan-Andréevo a été interrompu, a annoncé la radio publique bulgare.

Par ailleurs, en raison d'une crue de la rivière Maritsa, le train reliant Belgrade (Serbie) à Istanbul (Turquie) est bloqué en Bulgarie depuis le milieu de la nuit.

Des tempêtes de neige et une baisse des températures jusqu'à -17 degrés C étaient prévues dans les prochains jours dans ce pays.

Douze personnes sont mortes à cause du froid en Hongrie lors des trois derniers jours et plus de cinquante ont dû être évacuées en raison d'accidents de la route ou d'intoxication au monoxyde de carbone, ont annoncé lundi les autorités à Budapest.

Dans les Balkans, le bilan des morts a atteint 18 après le décès par hypothermie d'un homme de 66 ans dans sa propre maison du centre de la Serbie, d'un Croate de 50 ans, retrouvé gelé sur le pas de sa porte, dans la région de la ville côtière de Sibenik (centre) et d'une Bosniaque de 87 ans, retrouvée samedi en état d'hypothermie et décédée lundi à l'hôpital.

Du fait de la neige et du froid, la Serbie a décrété dimanche soir la «situation d'urgence», juste un cran en dessous de l'état d'urgence général, qui l'autorise à mobiliser moyens publics et privés pour faire face aux dangers les plus pressants.

Quelque 70 000 Serbes habitant des villages isolés restent coupés du monde et 5000 km de routes sont impraticables.

L'ouest de l'Europe n'est pas épargné, même si le bilan humain y reste nettement moins lourd.

En Grande-Bretagne, où un redoux était attendu, le trafic était redevenu quasi-normal lundi matin à Heathrow, premier aéroport européen, où six centimètres de neige avaient conduit à l'annulation la veille d'environ la moitié des 1.300 vols prévus, selon une porte-parole.

La Suisse a enregistré dans la nuit de dimanche à lundi un nouveau record de froid pour cette année, avec une température affichant -35,1 degrés à Samedan, dans le canton des Grisons, dans l'est du pays, selon Météosuisse.

Il faisait lundi -10°C à Milan, dans le nord de l'Italie, tandis que la neige a fait son apparition aux environs de Naples dans une vague d'intempéries inhabituelle pour l'Italie en particulier dans le Sud, dont le bilan s'établit jusqu'à présent à 17 morts.

Huit personnes sont mortes dimanche, dont trois d'infarctus en pelletant la neige.

Dans toute la péninsule, 59 000 familles étaient encore sans électricité lundi. En revanche, à Rome où le maire a ordonné la fermeture des écoles et administrations publiques, la situation était en voie de normalisation.

Dans les Abruzzes, région très touchée par la vague de neige et un froid sibérien, l'état d'urgence a été déclaré et l'armée a envoyé soldats, chasse-neiges et bulldozers pour dégager les routes.

À Ancône, un bateau grec, le Cruise Olympia, transportant 360 passagers, 160 camions et 70 voitures et camping-cars, arrivé dimanche soir, était toujours à quai dans le port sans pouvoir débarquer passagers et véhicules en raison de problèmes de circulation dans la ville et d'accès à l'autoroute la plus proche.

Le spectre d'une grave coupure de courant hante la France, où le sud-est méditerranéen et la Bretagne (ouest) sont les plus menacés.

Seuls les organisateurs d'une grande épreuve de patinage dans le nord des Pays-Bas ont des raisons de se réjouir de la froidure: la course dite des onze cités («Elfstedentocht»), en Frise, qui n'a été courue que quinze fois depuis la première édition officielle en 1909, pourrait enfin être organisée si la glace des canaux continue d'épaissir.