Les manifestants n'étaient pas les bienvenus aux Jeux de Pékin, en 2008. Qu'en sera-t-il en Angleterre, bastion de la liberté d'expression? Certains accusent déjà les autorités de vouloir nettoyer la ville d'irréductibles militants

«Nous allons occuper les Jeux olympiques. Nous sommes en avance dans nos préparatifs.» L'«indigné» Malcolm Blackman avait l'air triomphant la semaine dernière malgré l'autorisation d'un tribunal d'évincer les occupants du parvis de la cathédrale Saint-Paul.

Des indignés ont infiltré le personnel de sécurité du parc olympique, assure-t-il à La Presse. «Ce sera pacifique», assure-t-il.

Les autorités britanniques ont-elles eu vent de ces plans? La ministre de l'Intérieur, Theresa May, a annoncé mercredi dernier que le matériel de camping sera prohibé en cette zone olympique. Pas question pour les organisateurs des Jeux que le succès des indignés londoniens, qui ont campé pendant plus de trois mois dans la City, se répète dans le parc olympique.

«Les policiers agiront rapidement pour démanteler des campements», a averti Mme May.

»Aseptiser la ville»

Ils sont déjà à l'ouvrage dans la capitale. Une dizaine de campeurs ont été évacués devant le parlement il y a deux semaines. Une nouvelle loi votée en décembre dernier interdit l'érection de tentes et de bâches dans le secteur.

«Les coussins sont permis, mais pas les oreillers, précise le surintendant John Morgan, lors de notre visite. Ce n'est pas une interdiction de protester. Les députés en avaient assez de voir le site patrimonial piétiné et défiguré.»

Deux femmes refusent de quitter les lieux. Barbara Tucker dort maintenant sur un coussin devant les grilles qui ceinturent Parliament Square. «Je ne suis pas ici pour réclamer un sac de couchage, dit-elle. Je suis ici pour qu'on cesse de tuer des enfants en Afghanistan.»

À 10 mètres, la tente verte de Maria Gallastegui, 53 ans, est toujours là grâce à un recours judiciaire. «Le gouvernement veut aseptiser la capitale à temps pour les Jeux», dit-elle en fabriquant une pancarte contre une guerre potentielle en Iran.

Le responsable de la sécurité des Jeux à Scotland Yard, Bob Broadhurst, a invité les groupes militants à le rencontrer cette semaine.

Mais la méfiance règne. «Les Jeux de 2012 ont lieu à Londres, pas à Pékin. Ce serait terrible si l'été venu, nous n'arrivons pas à faire la différence», a affirmé Laura Taylor, porte-parole des occupants du quartier des affaires.