La campagne présidentielle française place sous les projecteurs le couple formé par le candidat socialiste François Hollande et la journaliste Valérie Trierweiler, dont les sorties sont désormais scrutées à la loupe.

Son entrée en scène relance les interrogations sur la proximité entre les classes médiatique et politique du pays, où plusieurs tandems amoureux du même type ont déjà défrayé la chronique.

«Globalement, c'est un peu regrettable dans la mesure où ça vient accréditer l'idée dans la population que politiciens et journalistes sont issus d'une même caste», souligne en entrevue la secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ), Dominique Praladié.

«On ne questionne pas la vie privée des gens. Mais nous demandons dans ce type de situation que le partenaire journaliste dans le couple -c'est souvent une femme- s'abstienne de couvrir le secteur d'activités de l'autre», explique-t-elle.

Valérie Trierweiler «s'est accrochée plus longtemps que d'autres, mais elle a fini par comprendre, ou elle a été forcée de reconnaître que ce n'était plus tenable de continuer», relève Mme Praladié.

La journaliste de 46 ans a annoncé en novembre qu'elle avait convenu avec la chaîne gratuite Direct 8, où elle travaille depuis 2005, d'interrompre une émission d'entrevues politiques liées à la campagne présidentielle. La décision est survenue juste avant le premier tour des primaires socialistes.

L'hebdomadaire Paris Match, où elle dispose d'un statut de «grand reporter», avait annoncé un peu plus tôt que la conjointe de François Hollande ne participerait pas à «la vie collective» de la publication le temps de la campagne.

En 2010, peu après que le politicien eut officialisé leur relation dans une revue populaire, elle s'était insurgée contre l'idée de devoir renoncer, même temporairement, à son travail.

«Pourquoi les femmes de métier devraient-elles chaque fois payer le prix fort? C'est injuste. Ma relation avec François Hollande n'affecte en rien la conception que j'ai de mon métier», avait-elle déclaré.

Dans une entrevue accordée cette semaine à une autre revue populaire, elle a expliqué qu'elle avait finalement accepté de cesser sa couverture politique parce que ses invités «ne la regardaient plus comme une journaliste».

Changement de cap

La décision représente un changement de cap radical pour cette femme divorcée, mère de trois enfants, qui a débuté en journalisme politique immédiatement après avoir obtenu son diplôme en sciences politiques à la Sorbonne, en 1988.

À Paris Match, où elle est arrivée un an plus tard, elle a longuement couvert le Parti socialiste et côtoyé François Hollande ainsi que son ancienne conjointe, Ségolène Royal. Le couple, qui a eu quatre enfants, a officialisé sa rupture par un communiqué le soir des élections législatives de 2007.

À défaut de la politique, Mme Trierweiler a décidé de s'investir dans la couverture du secteur culturel par une nouvelle émission sur Direct 8 qui sera bientôt lancée.

Lors d'une série d'entrevues accordées cette semaine pour en faire la promotion, elle a dû répondre à plusieurs questions sur son rôle potentiel de première dame de France ainsi que ses responsabilités dans la campagne politique de François Hollande.

Se présentant comme une «femme comme tout le monde», la journaliste a indiqué qu'elle n'avait «pas de volonté d'exhibition» et qu'elle évitait de se «projeter» pour l'heure dans l'avenir.

Bien qu'elle dispose d'un bureau au quartier général du camp socialiste, elle a assuré qu'elle n'exerçait qu'un rôle de soutien secondaire. Son conjoint, a-t-elle relevé, dispose de toute manière d'une expérience politique «cent fois supérieure» à la sienne.

Certains médias lui prêtent néanmoins un rôle important dans la mise en forme médiatique du politicien socialiste, qui a le vent dans les voiles à la suite du rassemblement partisan réussi au Bourget dimanche.

Mme Trierweiler a aussi croisé le fer récemment à quelques reprises par l'entremise de son compte Twitter avec des élus ou des journalistes, notamment pour dénoncer les questions qui relèvent, à ses yeux, de la vie privée.

Dominique Praladié, du SNJ, pense que les médias seraient bien avisés de se concentrer sur les enjeux de la campagne. «La couverture people n'apporte pas beaucoup à la conscience citoyenne», dit-elle.

1965 > Naissance à Angers

1988 > Obtention d'un diplôme en sciences politiques à la Sorbonne

1989 > Embauche à Paris Match

2005 > Entrée à la chaîne Direct 8, où elle animera une série d'émissions politiques jusqu'à la veille des primaires socialistes

2010 > François Hollande officialise leur relation

2011 > Interruption de sa plus récente émission politique