Des plongeurs italiens ont découvert le corps d'une femme samedi dans l'épave du Concordia, portant à 12 le nombre de morts dans le naufrage du paquebot de croisière il y a une semaine, alors que des recherches de la dernière chance se poursuivaient.

Les garde-côtes ont trouvé le cadavre à l'arrière de la partie immergée du navire, selon un responsable des carabiniers qui a précisé qu'il «faudra des tests d'ADN pour l'identifier le corps parce qu'il est méconnaissable après une semaine passée dans l'eau».

Pour le moment, 8 des 12 victimes du naufrage ont été identifiées formellement: six touristes --quatre Français, un Italien et un Espagnol-- ainsi qu'un serveur péruvien et un violoniste hongrois. Par ailleurs, 20 personnes sont portées disparues dont une dizaine d'Allemands, un jeune couple de Français et un autre de retraités américains.

La découverte a eu lieu alors que le chef de la protection civile italienne, Franco Gabrielli, nommé depuis vendredi commissaire spécial pour superviser toutes les opérations liées à la catastrophe se trouvait sur l'île du Giglio.

«Nous n'avons fixé aucune limite de temps aux recherches» dans l'épave du Concordia, échoué à demi-immergé à une trentaine de mètres de la rive du Giglio, a-t-il assuré devant la presse.

Il a souligné que les sauveteurs sont en train d'élaborer des plans sur la base des informations données par les proches des disparus pour contrôler chaque mètre de l'immense navire de 17 ponts, suspendu en équilibre sur des rochers et qui menace de glisser vers les hauts fonds.

Les pères de Mylène Litzler, 23 ans et Michaël Blémand, 25 ans, un couple français, ont lancé depuis le Giglio un appel dramatique samedi en direction des 4.200 occupants du Concordia pour qu'ils fournissent «le moindre détail» permettant de savoir où se trouvaient les deux jeunes disparus pendant l'évacuation.

Le navire s'étant stabilisé après des oscillations et une interruption des recherches vendredi, la marine militaire a repris l'exploration à plus de 20 mètres de profondeur, «un travail incroyablement complexe», selon M. Gabrielli. La progression de plongeurs est en effet ralentie par de nombreuses portes bloquées, des monceaux de meubles et lambeaux de moquette.

Les plongeurs «accomplissent un travail héroïque», a estimé le curé du Giglio, Lorenzo Pasquotti, en remerciant aussi les pompiers de lui avoir rapporté la statue de la Vierge qui se trouvait dans la chapelle du navire.

Les chances de trouver des rescapés encore en vie sont désormais «réduites au minimum», a reconnu à l'AFP Cosimo Nicastro, porte-parole des garde-côtes. Même en étant dans une bulle d'air, «il faudrait un miracle», a-t-il estimé, compte tenu de «la température très basse de l'eau».

Susy, la maman de Dayana, une fillette italienne de 5 ans qui a disparu avec son père la nuit du naufrage, ne s'avoue pas vaincue et a refusé de monter vendredi sur une embarcation d'où d'autres familles ont jeté des fleurs en direction de l'épave. «Continuez de chercher Dayana», a-t-elle imploré.

Parallèlement, sur le méga-ponton flottant de la société néerlandaise Smit Salvage, les préparatifs s'accéléraient pour le pompage des 2.380 tonnes de mazout que le Concordia renferme encore dans ses réservoirs, au risque de provoquer une énorme marée noire.

Le préfet Gabrielli a souligné qu'«il y a déjà eu pollution, car le navire transportait de l'huile, des solvants, des détergents, tout ce qui sert à une "ville" de 4000 habitants».

Le paquebot est couché telle une baleine agonisante tout près du rivage du Giglio, pittoresque île rocheuse de l'archipel toscan qui est aussi une réserve naturelle dont les eaux sont peuplées de thons, murènes, langoustes, rorquals ou dauphins.

Des bouées antipollution ont été disposées autour du navire pour protéger les côtes au cas où une partie des hydrocarbures s'échapperait en mer pendant la vidange des cuves qui prendra au minimum deux ou trois semaines.

L'organisation italienne de consommateurs Codacons a annoncé le dépôt «mardi ou mercredi» d'une plainte d'une centaine de personnes à Miami, siège de Carnival, la maison-mère de Costa, propriétaire du Concordia.

Le Concordia qui effectuait une croisière en Méditerranée s'est échoué dans la nuit de vendredi à samedi dernier, à 30 mètres de la côte, après avoir heurté un rocher devant le Giglio. Il était parti deux heures et demie plus tôt de Civitavecchia, avec 4229 personnes à son bord, dont 3200 touristes de 60 nationalités et un millier de membres d'équipage de 40 pays différents.

L'enquête sur les causes de cette tragédie se poursuivait avec de nouvelles informations provenant de l'interrogatoire en début de semaine du commandant du navire, Francesco Schettino.

Celui-ci a reconnu avoir commis une «erreur» en passant trop près de la côte, mais il a affirmé, selon les journaux de samedi, en avoir informé très vite la compagnie Costa, propriétaire du bateau.

«J'ai fait une bêtise, envoyez des remorqueurs et des hélicoptères», aurait-il dit par téléphone à un responsable de Costa un quart d'heure après la collision. Une version contredite par le patron de Costa, Pier Luigi Foschi pour qui M. Schettino «a menti à nous et à l'équipage sur la gravité de la situation».

Cette semaine, la compagnie a suspendu de ses fonctions le commandant qui fait l'objet d'une enquête, pour homicides multiples par imprudence, naufrage et abandon de navire. De nombreux témoins accusent M. Schettino d'avoir quitté le Concordia au beau milieu de l'évacuation.