Nouvelles révélations dans l'affaire Costa Concordia: les autorités italiennes veulent interroger une danseuse de ballet moldave de 25 ans qui se trouvait à bord du navire sans être enregistrée comme passagère ni comme membre de l'équipage. Elle pourrait être celle qui a soupé avec le commandant Francesco Schettino juste avant que ce dernier ne fasse dévier le navire pour le faire passer près de l'île du Giglio.

Les accusations contre le commandant Schettino sont «absurdes», a affirmé hier à la télévision moldave Domnica Cemortan. La jeune Moldave prétend qu'elle était en train de dîner avec des amis quand l'accident est arrivé. «Il a sauvé des vies», a ajouté Mme Cemortan, qui a déjà été employée sur le Costa Concordia et pourrait avoir été l' «invitée personnelle» du commandant, selon les quotidiens italiens La Repubblica et Il Corriere della Sera, qui se sont penchés en détail sur ce nouvel indice, hier, sur leurs sites web.

Au mieux, elle pourrait fournir des renseignements cruciaux sur l'évolution de la soirée fatidique. Au pire, elle pourrait avoir été une source de distraction, voire un aiguillon qui a poussé Francesco Schettino à dévier de sa route, laissent entendre les deux journaux.

Le commandant Schettino a certainement besoin de témoignages favorables à son égard: selon le Corriere, au moins six sous-officiers ont témoigné aux autorités qu'il a quitté le navire avant la fin de l'évacuation. Costa Crociere, qui a promis d'assumer les frais juridiques du commandant Schettino, mais l'a aussi montré du doigt comme responsable du naufrage, s'est d'ailleurs constituée hier comme partie civile contre lui, dans le cadre de son procès pénal. Il risque 15 ans de prison.

Plus d'une heure s'est écoulée entre le premier coup de fil du commandant Schettino à Costa Crociere et l'abandon du navire. Les enquêteurs ignorent toujours si l'officier a minimisé la situation ou alors si Costa Crociere a temporisé pour essayer d'éviter une évacuation, rapporte le Corriere. D'après le quotidien milanais, Costa Crociere a appelé peu après le début de l'évacuation du navire un chantier naval génois pour qu'il envoie une équipe d'urgence au Giglio afin de colmater une brèche dans le Costa Concordia - une demande qui suggère que l'entreprise ignorait peut-être l'ampleur des dommages.

Mauvais sort...

Certains fatalistes soulignent pour leur part que le naufrage est survenu un vendredi 13 et que le paquebot était en quelque sorte frappé du sort depuis sa naissance: la bouteille de champagne destinée à son baptême lors de sa sortie de chantier, en 2005, ne s'était pas brisée, un mauvais présage pour les marins.

Le bilan du drame restait hier soir à 11 morts et 24 disparus, pour la moitié Allemands. Les recherches ont repris après une journée d'arrêt due au mauvais temps, les plongeurs utilisant des explosifs pour ouvrir des brèches dans la coque et y pénétrer. Les autorités craignent toujours une marée noire si le paquebot glisse en bas du plateau où il gît, dans le port du Giglio. Le temps s'annonce mauvais aujourd'hui, avec des vents de plus de 40 km/h.

Le paquebot naufragé devient lui-même objet de tourisme. Un autre paquebot, le Costa Serena, s'est arrêté hier soir près de l'île du Giglio pour que ses passagers puissent contempler le Costa Concordia gisant dans le port.