Un officier de la garde côtière qui a interpellé le commandant du Costa Concordia, au moment du naufrage du paquebot, est devenu un héros en Italie.

Un échange téléphonique entre un officier de la garde côtière, Gregorio De Falco, et le comandant Francesco Schettino confirme que ce dernier n'est pas resté sur le Costa Concordia jusqu'à la fin de l'évacuation. Pendant la conversation, Schettino semble éviter de répondre aux questions du commandant De Falco, éberlué de constater qu'il n'est pas sur son navire avec ses passagers.

L'échange, qui a été remis au quotidien milanais Corriere della Sera, est stupéfiant. «Vous avez abandonné le navire? demande le commandant De Falco, qui se trouve à Livourne.

- Abandonné? Mais non! Je suis ici, je coordonne les secours», répond Schettino, qui est sur la terre ferme, au Giglio.

Et encore: «Mes secouristes par hélicoptère sont sur la proue, dit De Falco. Il y a déjà des corps, Schettino.

- Combien de corps y a-t-il?

- Je ne sais pas. C'est vous qui devez me le dire, par le Christ!

- Mais vous réalisez qu'il fait noir et qu'ici on ne voit rien.

- Et quoi encore? Vous voulez rentrer à la maison, Schettino? Il fait noir et vous voulez rentrer à la maison? Allez à bord, bordel!»

Héros national

L'officier de la garde côtière fait figure de héros en Italie. Le Corriere rapporte que, sur une page Facebook, un adolescent a écrit: «Quand je serai grand, je veux être De Falco.» Et l'échange téléphonique inspire déjà les fabricants de t-shirts. Une entreprise milanaise vend depuis hier un t-shirt sur lequel est imprimée la phrase «Vada a bordo, cazzo!» La première moitié de la phrase signifie «Allez à bord» et le juron signifie littéralement «pénis» et correspond au «bordel» français.

Le bilan du naufrage du Costa Concordia a été porté à 11 morts, hier, et les recherches se poursuivent pour retrouver 22 disparus. L'espoir subsiste: un Allemand porté disparu était tout bonnement rentré chez lui.

Risque d'emprisonnement

«Depuis le début, on sait que certains passagers portés disparus ont échappé au décompte», explique Giorgio Fanciulli, journaliste au quotidien en ligne Giglio News. «L'Allemand d'hier était simplement rentré chez lui. Des gens sont entrés en contact avec les autorités après avoir vu leur nom sur la liste des disparus. Ils avaient arrangé eux-mêmes leur hébergement vendredi soir chez des particuliers de l'île du Giglio et n'avaient pas été enregistrés sur les navettes.»

L'étau se resserre autour du commandant du navire. Un interrogatoire par le procureur chargé du dossier a «confirmé l'erreur humaine», selon les médias italiens, qui rapportent que le commandant Francesco Schettino pourrait écoper de 15 ans de prison pour naufrage, abandon de navire et homicide multiple.