Accusé de tâtonner depuis des semaines, le candidat socialiste à la présidentielle française François Hollande cherche à se relancer avec une lettre aux Français, dans laquelle il se dit «prêt» à conduire le «redressement» du pays, mais sans annoncer de mesure concrète.

À 110 jours du premier tour de la présidentielle, François Hollande, 57 ans, reste le favori du scrutin, donné vainqueur par les derniers sondages de décembre à 57% contre le président sortant.

Mais l'écart se resserre et le candidat socialiste cherche à impulser une nouvelle dynamique à sa campagne : il va multiplier les déplacements en province, faire dès cette semaine un meeting et a adressé ce mardi son premier grand message aux électeurs.

Dans cette lettre intitulée «le changement, c'est maintenant» publiée dans le quotidien de gauche Libération, l'ancien numéro 1 du Parti socialiste dit vouloir tourner la page de cinq ans de présidence Sarkozy qui ont laissé «la France abaissée, affaiblie, abîmée, 'dégradée'».

Comme le chef de l'"tat dans ses voeux aux Français, François Hollande dramatise l'enjeu de cette année électorale, qui doit être celle du «choix» et du «changement».

«La dépression économique est là, l'angoisse sociale est partout, la confiance nulle part», énumère François Hollande, dressant un bilan à charge du président sortant, qui doit assumer les pires chiffres de l'emploi en douze ans avec près de trois millions de chômeurs et une entrée imminente en récession, selon les prévisionnistes.

Il ironise sur les «contorsions» de Nicolas Sarkozy, «incapable de trouver une issue à la crise de la zone euro après seize 'sommets de la dernière chance' en à peine deux ans».

Mais s'il assure qu'il est possible pour la France de «maîtriser (son) destin», de retrouver sa «confiance» en elle, il ne propose lui-même aucune solution concrète.

Il se contente d'énoncer les quatre grands principes qui guideront son action : «vérité», «volonté», «justice» et «espérance».

A droite, alors que le gouvernement a promis des mesures pour l'emploi et veut imposer avant les élections une réforme du financement de la protection sociale, via une hausse de la TVA, l'offensive Hollande est abondamment raillée.

«Ce qui m'a surtout frappé dans ce texte long, plusieurs colonnes, c'est l'absence totale de propositions», a commenté Alain Juppé.

Le chef de la diplomatie française a en outre jugé le propos «outrancier et injuste puisqu'il présente la France comme un pays complètement effondré et dont le crédit sur la scène internationale se serait affaibli, ce qui est faux, je peux en apporter le témoignage».

Largement critiquée à droite, la lettre de M. Hollande dans Libération a été habilement détournée par le parti présidentiel UMP qui a acheté sur internet le nom de domaine correspondant au slogan de campagne de François Hollande, «Le changement, c'est maintenant».

Quand on clique sur www.lechangementcestmaintenant.fr, on arrive sur un site acheté par l'UMP avec en pleine page, la Une parodiée du quotidien Libération, rebaptisé «L'Hibernation».

Intitulé «Le reniement, c'est maintenant», ce pastiche tourne en dérision l'initiative de M. Hollande, lui faisant dire qu'il est «candidat à l'élection présidentielle pour redonner à la gauche l'espoir qu'elle a perdu après la débandade de DSK» et qu'il a un «projet à 255 milliards d'euros dangereux pour la France».

Désigné le 16 octobre à l'issue de primaires, François Hollande, qui représente l'aile modérée du parti socialiste, se contente jusqu'à présent de surfer sur l'impopularité record de Nicolas Sarkozy.

Il a indiqué mardi soir qu'il présenterait son «projet» pour la présidentielle «à la fin du mois de janvier».

Le candidat fera sept «grands meetings» de portée nationale avant le premier tour, le 22 avril. Le premier aura lieu le 22 janvier au Bourget (près de Paris) et c'est là, dans «un discours à la nation», devant «plusieurs milliers de personnes» qu'il devrait donner les grands axes de son projet, selon de directeur de communication de sa campagne Manuel Valls.