Le Danemark, qui ne fait pas partie de la zone euro, a pris dimanche sans tambour ni trompette la présidence de l'Union européenne et ambitionne d'aider à résoudre la crise de l'euro, mais peinera certainement à peser dans les négociations dominées par les grands pays.

Ce pays de 5,6 millions d'habitants, l'un des rares en Europe à être dirigé par un gouvernement de centre gauche, sera en première ligne face à la crise de l'euro en succédant à la Pologne à la présidence tournante de l'UE.

Mais il risque d'être marginalisé comme les neuf autres pays membres, dont la Grande-Bretagne, qui n'ont pas adopté la monnaie unique.

Suite au rejet du traité de Maastricht par référendum en 1992, Copenhague a signé en 1993 un traité allégé posant quatre réserves qui excluent sa participation dans des domaines clés tels que la Défense ou la zone euro.

«Politiquement, il y aura peu d'empreintes danoises sur l'aspect de la coopération européenne qui, pour le moment, attire l'essentiel de l'attention», d'après l'agence de presse danoise Ritzau.

Cela, «à la fois parce que le Danemark n'est pas dans l'euro. Et parce que la présidence européenne n'a plus la même importance qu'avant», a écrit Ritzau.

«Formellement, le Danemark ne peut ni ne doit résoudre la crise de l'euro. La première ministre (Helle Thorning-Schmidt) et le ministre des Affaires européennes (Nicolai Wammen) ont cependant dit qu'ils espéraient pouvoir poser un pont» entre les États membres, selon Ritzau.

Mme Thorning-Schmidt a récemment assuré que Copenhague s'efforcerait «d'être un pont entre les 17 et les 27» afin d'empêcher que ne se creuse le fossé entre la zone euro et les autres membres de l'UE.

«Durant les six prochains mois, nous avons la possibilité de faire faire à l'Europe un pas, petit, mais important, dans la bonne direction. Nous devons utiliser cette possibilité», car «tout ce qui se passe en Europe nous influence ici», a affirmé la chef du gouvernement dimanche dans son discours de voeux du Nouvel An.

«Nous allons nous impliquer pour que les pays européens, ensemble, puissent contrôler l'économie et renouer avec la croissance. C'est cela qu'il faut faire pour recréer des emplois en Europe», a-t-elle ajouté.

Pour le quotidien suédois Sydsvenska, le Danemark restera toutefois «un figurant dans le jeu de pouvoir» pour résoudre la crise de l'euro.

D'autant que les Danois sont plus que jamais sceptiques vis-à-vis de la monnaie unique, d'après un sondage réalisé par l'Institut des Statistiques danois pour la Danske Bank et publié le 21 décembre par la banque.

S'ils étaient consultés sur leur participation à l'euro, 71% des Danois voteraient non ou peut-être non à l'euro, contre 27% de gens prêts ou peut-être prêts à dire oui.

«La crise de la dette européenne a affecté l'avis des Danois sur leur participation à l'euro», a expliqué l'économiste en chef de la Danske Bank Steen Bocian.

Le Danemark va alors «concentrer son énergie politique pour avoir une présidence efficace sur tous les autres domaines dans l'UE où les ministres danois sont invités à la table des négociations», d'après l'agence de presse Ritzau.

La présidence danoise devrait donc se distinguer surtout par la volonté de créer des emplois et de la croissance en investissant dans les énergies renouvelables, ainsi que par un riche programme culturel.