Des dizaines de personnes, dont l'écrivain Édouard Limonov, qui tentaient samedi de participer à des manifestations non autorisées à Moscou et Saint-Pétersbourg pour réclamer le départ de Vladimir Poutine, ont été interpellées, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Selon un des dirigeants de l'opposition, Boris Nemtsov, 200 personnes se sont également rassemblées dans la ville de Nijni Novgorod (ouest de la Russie), mais aucune interpellation n'a eu lieu.

À Moscou, le rassemblement, organisé par l'opposant et écrivain controversé Édouard Limonov, qui a déclaré à la radio Echo de Moscou avoir été interpellé, avait lieu sur la place Trioumfalnaïa, dans le centre de la capitale, autour du slogan «Une nouvelle année sans Poutine».

La police de Moscou, qui a empêché sa tenue, a annoncé qu'elle avait interpellé 60 personnes après avoir établi un cordon autour de la place.

L'une d'elles a crié «Liberté» alors qu'elle était arrêtée par la police. D'autres ont scandé «La Russie sans Poutine».

Une banderole où il était écrit «Mort aux occupants du Kremlin» a aussi été brandie.

Dès l'après-midi, un important dispositif policier avait été déployé pour quadriller les lieux, avec l'envoi notamment d'une trentaine de fourgons cellulaires.

Outre le départ de l'homme fort du pays, Vladimir Poutine, le rassemblement avait également pour but de réclamer comme tous les 31 des mois comptant 31 jours l'application de l'article 31 de la Constitution garantissant la liberté de rassemblement.

À Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, une dizaine de personnes ont été interpellées alors qu'elles tentaient de manifester sur la perspective Nevski, en plein centre.

Plusieurs ont scandé «La nouvelle année sans Poutine» ou «Nous avons besoin d'une autre Russie».

Réagissant à ces interpellations le soir du Nouvel An, l'ex-dissidente soviétique et militante russe Lioudmila Alexeeva a estimé que c'était «honteux et stupide».

«Les autorités doivent comprendre que l'ère de la dispersion des rassemblements est finie», a-t-elle ajouté, citée par l'agence de presse Interfax.

Vladimir Poutine fait face au plus important mouvement de contestation depuis son arrivée au sommet du pouvoir en 2000.

Ce mouvement, qui a lieu à un peu plus de deux mois de l'élection présidentielle, à laquelle M. Poutine est candidat pour un troisième mandat au Kremlin après ceux accomplis entre 2000 et 2008, a été déclenché par les législatives controversées du 4 décembre, qui ont été remportées par son parti Russie Unie.

Le 24 décembre, entre 70 000 et 100 000 personnes ont manifesté dans Moscou pour réclamer l'annulation des législatives et une «Russie sans Poutine». Le 10 décembre déjà, l'opposition avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes, une mobilisation exceptionnelle pour la Russie.

L'opposition s'est engagée à organiser un nouveau rassemblement après la longue période de jours fériés (du 1er au 10 janvier), mais n'a pas encore fixé de date.

Samedi, Vladimir Poutine a estimé qu'il n'y avait rien d'«anormal» à ce que «tout bouillonne» en Russie, en pleine période électorale, ajoutant qu'il s'agissait du «prix à payer pour la démocratie».

Il a cependant minimisé à plusieurs reprises l'importance du mouvement de contestation et opposé une fin de non-recevoir aux appels de l'opposition à annuler les résultats des législatives.

Mercredi, le premier ministre a de plus estimé qu'un dialogue avec les opposants était impossible, jugeant ce mouvement trop désorganisé, sans leader, ni programme.