Le camp du Vladimir Poutine a minimisé dimanche l'impact de la manifestation sans précédent à Moscou sur l'avenir politique du premier ministre et candidat à la présidentielle de mars 2012, jugeant qu'il avait malgré tout le soutien de la majorité en Russie.

«En tant qu'homme politique et candidat à la présidentielle, Poutine a toujours le soutien de la majorité», a déclaré dimanche à l'AFP son porte-parole, Dmitri Peskov.

«En ce qui concerne les exigences des manifestants, leur opinion a été entendue. Nous la respectons. Les gens qui sont descendus dans la rue sont une partie très importante de la société, mais ils sont en minorité», a souligné M. Peskov.

Vladimir Poutine a promis une «modernisation» du système politique russe, dont le président Dmitri Medvedev a annoncé jeudi les grandes lignes qui assouplissent notamment les règles électorales et restaurent l'élection des gouverneurs régionaux, nommés par le Kremlin depuis 2004.

Ces annonces n'ont pas empêché des dizaines de milliers de Russes de manifester samedi sur la perspective Sakharov à Moscou scandant «Poutine démission» et «Russie sans Poutine».

L'opposition a revendiqué 120 000 manifestants. La police a évalué leur nombre à 29 000, mais selon des journalistes de l'AFP sur place les manifestants étaient nettement plus nombreux.

La mobilisation a été supérieure à celle enregistrée au premier grand rassemblement (plus de 50 000 personnes avaient manifesté à Moscou) le 10 décembre, contre les fraudes aux législatives du 4 décembre au profit du parti au pouvoir et a cette fois a clairement visé Vladimir Poutine.

Le blogueur anticorruption et l'un des leaders de la contestation, Alexeï Navalny a promis samedi de «faire descendre dans la rue un million» à Moscou contre un troisième mandat à la présidence de Poutine.

La date de la prochaine manifestation n'a pas été fixée pour le moment, mais elle devrait avoir lieu après la trêve des fêtes, la Russie étant en congés du 1er au 10 janvier.

Président de 2000 à 2008 puis premier ministre faute de pouvoir enchaîner plus de deux mandats consécutifs, l'ex-agent du KGB a annoncé en septembre son intention de revenir au Kremlin après la présidentielle de mars.

Il avait alors annoncé que le président Dmitri Medvedev deviendrait son premier ministre et qu'ils s'étaient mis d'accord sur cet échange il y a plusieurs années.

Cette annonce, suivie des législatives controversées du 4 décembre ont déclenché une vague de contestation qui prend depuis de l'ampleur sur tous les fronts.

Même les télévisions d'États, où les sujets négatifs envers le pouvoir étaient inimaginables il y a encore quelques semaines, montrent désormais les manifestations et leurs leaders, auparavant bannis de petit écran.

«Nous ne pouvons que spéculer pourquoi (...) Mais il est évident qu'il se passe quelque chose de très important», a écrit dimanche dans son blogue le journaliste de la radio Echo de Moscou Vladimir Varfolomeïev.

«La manifestation était plus importante que prévu. Il semble que les marchés vont encore chuter lundi parce que la situation politique est devenue plus tendue et imprévisible. Le pouvoir est en désarroi et ses actes sont loin de calmer la société», écrit pour sa part le blogueur Alexandre Petrotchenkov.

En l'absence de concurrents de poids, Vladimir Poutine reste néanmoins le favori de la présidentielle, mais il voit sa popularité dégringoler.

Selon un dernier sondage de l'Institut Vtsiom publié le 17 décembre, il n'obtiendrait que 45% des voix en cas d'élection présidentielle et serait donc pour la première fois contraint à un second tour.

Vladimir Poutine avait été élu président au 1er tour en 2000 avec 52,94% des voix et en 2004 avec 71,20% des suffrages.

L'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a appelé Vladimir Poutine à quitter immédiatement le pouvoir après le rassemblement de samedi.