La journaliste Anne Sinclair, et épouse de Dominique Strauss-Kahn, est la personnalité féminine qui a le plus marqué les Français en 2011, devant la directrice générale du FMI Christine Lagarde et la patronne du PS Martine Aubry, selon un sondage publié lundi.

Cette étonnante nomination crée la polémique dans l'Hexagone.

Un sondage réalisé pour le compte du magazine Terrafemina place Anne Sinclair en tête de liste des femmes ayant le plus marqué l'année 2011. Elle a été choisie par 25% des sondés, tout juste devant Christine Lagarde (24%), qui a remplacé DSK à la présidence du Fonds monétaire international.

Candidate malheureuse aux primaires socialistes, Martine Aubry arrive en troisième position du sondage (23%).

DSK a quitté le FMI au printemps après avoir été accusé du viol d'une femme de chambre, dans un hôtel de New York. Les accusations ont depuis été abandonnées, mais la controverse a poursuivi DSK en France, où il a été successivement accusé de tentative de viol et lié à un réseau de prostitution du nord du pays.

Malgré cette très publique tombée en disgrâce, Anne Sinclair n'a jamais cessé d'épauler son mari. Toujours à son bras, souriant même devant les caméras, l'ancienne présentatrice d'une émission télévisée lui a offert son soutien et ses considérables moyens financiers pour assurer sa défense.

Héroïne ou contre-héroïne?

«Anne Sinclair est pour les femmes à la fois une héroïne et une contre-héroïne. Les femmes s'identifient à elle ou se questionnent sur leur propre attitude à l'aune de son comportement», analyse Véronique Morali, présidente de Terrafemina, sur le site web du magazine consacré aux femmes.

Mais cette nomination passe mal, surtout auprès des féministes. Certaines y voient une célébration de la passivité ou pire, de la complicité d'une femme qui n'a jamais dénoncé les graves incartades de son mari.

«Pauvre France!» s'est exclamée l'écrivaine Florence Montreynaud. interviewée par La Presse, hier, alors qu'elle était à l'étranger, elle n'était pas au courant de cette nouvelle, qui l'a «horrifiée» au plus haut point. «Je suis tellement consternée que je n'ai pas les mots sur le moment», s'est excusée la fondatrice du mouvement féministe Chiennes de garde.

«En faire une héroïne? Ce n'est pas un modèle pour les femmes, s'est attristée Eva Joly, candidate du parti vert à la présidentielle, sur le plateau d'i-Télé. Je trouve tout à fait consternant, incroyable même, qu'elle puisse, en popularité, dépasser une femme politique de premier plan» comme Christine Lagarde.

Encore plus surprenant: parmi les sondés, ce sont surtout des femmes qui ont choisi Anne Sinclair (31%). Les hommes, eux, ont nettement préféré Christine Lagarde (28%) à l'épouse trompée (19%).

De quoi décourager Daphnée Leportois, chroniqueuse au Nouvel Observateur: «D'un côté, la femme courageuse qui soutient sans faillir son coureur de mari, élue donc par les femmes; de l'autre, la femme puissante, à la du FMI, au coeur des préoccupations actuelles, plébiscitée par les hommes. Cherchez l'erreur.»