Une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie de 18 ans de sûreté a été requise mardi à l'encontre d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, jugé par la cour d'assises spéciale de Paris pour quatre attentats commis en France il y a 30 ans, mais à la dangerosité toujours «actuelle et absolue», selon l'accusation.

C'était la peine maximale que pouvait requérir le parquet général contre le Vénézuélien, âgé de 62 ans, jugé depuis le 7 novembre pour quatre attentats qui ont fait 11 morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983.

Le ministère public a souligné «l'extrême dangerosité actuelle, asbolue et constante» de l'accusé pour appuyer la demande de la cour spéciale de Paris de prononcer une peine de sûreté à son encontre.

«Il vous a dit lui-même qu'il n'a pas changé», a souligné Jean-François Ricard, l'un des deux avocats généraux, au terme de près de neuf heures de réquisitoire.

Le magistrat a conclu comme il avait commencé en laminant l'image de «combattant» brandie par le Vénézuélien, ramené au rang d'accusé qui «n'assume pas ses responsabilités».

Deux autres peines de réclusion à perpétuité ont été requises par le parquet général à l'encontre de deux coaccusés de Carlos jugés par défaut: l'Allemand Johannes Weinrich, l'ancien bras droit de Carlos, est détenu en Allemagne pour d'autres faits, et le Palestinien Ali Kamal Al Issawi est en fuite.

Contre l'Allemande Christa Fröhlich, un temps détenue en France, aujourd'hui en fuite en Allemagne, l'accusation a requis une peine de quinze ans de prison pour sa participation à l'un des attentats.

Le verdict est attendu jeudi ou vendredi.

L'ancien ennemi numéro un purge déjà une peine de prison à vie prononcée en 1997, trois ans après son interpellation au Soudan en 1994, par la cour d'assises de Paris qui l'a reconnu coupable du meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers.

Surnommé «le Chacal», Carlos est accusé d'avoir orchestré une campagne d'attentats pour obtenir la libération de deux membres de son groupe arrêtés avec des armes et des explosifs à Paris en février 1982, sa compagne allemande Magdalena Kopp et le Suisse Bruno Breguet.

Un mois plus tard, le 29 mars, une bombe explosait dans un train Paris-Toulouse (sud-ouest) faisant 5 morts et 28 blessés, puis le 22 avril, l'explosion d'une voiture piégée devant le siège du magazine Al Watan Al Arabi, à Paris, faisait un mort et 66 blessés.

Les deux autres attentats commis le 31 décembre 1983 à la gare Saint-Charles à Marseille (2 morts, 33 blessés) et contre un train à grande vitesse entre Marseille et Paris (3 morts et 12 blessés) sont intervenus alors que les deux «camarades» purgeaient leur condamnation à quatre et cinq ans de prison.

Il ne s'agissait pas d'attentats «ciblés» mais d'attentats «à l'aveugle pour faire des dégâts», pour «tuer un maximum de personnes en prenant un minimum de risques», a estimé l'avocat général Olivier Bray.

Carlos, qui dès le premier jour des débats s'est érigé en «révolutionnaire de profession» avant de se qualifier de combattant au «sang-froid irréprochable», n'a jamais voulu se déclarer ni coupable ni innocent des faits qui lui sont reprochés.

L'instruction qui a mené à sa comparution aurait pu se terminer par un non-lieu, faute de preuves, à la fin des années 80. Mais l'ouverture des archives des services secrets des anciens pays communistes d'Europe de l'Est a fourni à l'accusation de nouveaux éléments à charge contre Carlos et son groupe.

Une partie des débats a d'ailleurs tourné autour de la fiabilité de documents retrouvés dans les archives de la Stasi est-allemande impliquant l'organisation de Carlos dans des attentats.