Des ténors du Parti socialiste s'écharpent depuis quelques jours relativement à des allégations de corruption et de financement occulte ciblant une fédération du nord du pays.

Ces affrontements risquent d'avoir un impact négatif sur l'image de la formation et de son candidat pour l'élection présidentielle de 2012, François Hollande, prévient la directrice du service opinion de la firme de sondages LH2, Adélaïde Zulfikarpasic.

«Ce n'est pas comme ça qu'ils vont donner envie aux Français de leur confier les clés de la maison», relève l'analyste, qui juge peu opportun pour le parti de «laver son linge sale» en public maintenant.

Les prises de bec ayant entouré la conclusion d'une entente entre les Verts et les socialistes avaient déjà eu un «impact important» sur la popularité de M. Hollande, qui conserve une bonne avance malgré le «resserrement» en cours.

Le plus récent sondage indique qu'il serait élu président avec 57% des voix au second tour contre 43% pour le chef d'État actuel.

Le député Arnaud Montebourg, qui a surpris les analystes en terminant troisième lors de la primaire socialiste, a mis le feu aux poudres en envoyant à la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, une lettre dans laquelle il a réclamé une action immédiate contre des élus du Pas-de-Calais soupçonnés de malversations.

Il a dénoncé à cette occasion la gestion «calamiteuse» que la première secrétaire avait faite d'une autre crise touchant la fédération des Bouches-du-Rhône.

«Nous avons tout pour gagner, tout sauf l'ego de quelques-uns», a rétorqué dans un discours Mme Aubry, qui accuse M. Montebourg de vouloir gagner des avantages politiques en jouant les «chevaliers blancs».

Le député a aussi provoqué l'ire de l'ex-ministre Jack Lang, élu du Pas-de-Calais, en suggérant qu'il était un «symptôme» des «complicités» dont bénéficieraient les élus corrompus à l'échelle nationale.

M. Lang a rétorqué en annonçant son intention de poursuivre le député en justice pour diffamation. «Les bouffonneries ont assez duré», a-t-il déclaré.

L'entourage de François Hollande a indiqué qu'il ne se laisserait pas entraîner par les affaires internes du parti. Il a néanmoins précisé hier qu'il n'avait «jamais eu connaissance» de problèmes avec la fédération du Pas-de-Calais à l'époque où il était premier secrétaire.

De Villepin s'invite

Tout en se réjouissant des différends de la gauche, la droite doit composer avec ses propres tiraillements. Dominique de Villepin, qui semblait vouloir se rapprocher de l'Élysée au cours des derniers mois, a notamment créé la surprise dimanche en annonçant sa candidature à la présidence.

Selon Mme Zulfikarpasic, l'ex-premier ministre ne semble pas devoir peser lourd dans la bataille puisqu'il récolte 1% des voix à l'heure actuelle. L'entourage du chef de l'État, craignant une division du vote au premier tour, l'a néanmoins appelé hier à abandonner sa «candidature de posture».

Tant la gauche que la droite ont plus de soucis à se faire avec le candidat centriste François Bayrou. Il obtiendrait aujourd'hui 13% des voix au premier tour du scrutin présidentiel, un bond de 6 points de pourcentage par rapport au précédent sondage de LH2.

L'indépendance revendiquée par M. Bayrou trouve un écho favorable auprès de la population dans un «contexte de crise de confiance envers les partis traditionnels», relève Mme Zulfikarpasic.

Le politicien, qui avait terminé troisième lors du premier tour de 2007, a déjà annoncé qu'il se prononcerait pour un parti ou l'autre au second tour s'il se retrouve dans la même position l'année prochaine. Mais une majorité de ses partisans déclarés souhaite qu'il demeure neutre dans un tel scénario, souligne l'analyste.