La coalition de centre gauche (opposition) en Croatie a largement remporté dimanche les élections législatives, loin devant l'Union démocratique croate (HDZ) au pouvoir, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote diffusé par la télévision nationale.

Cette coalition, dominée par le Parti social-démocrate (SDP) devrait disposer de 82 sièges sur 151 au parlement, contre 40 pour la HDZ (conservateurs) et deux formations politiques mineures qui ont rejoint ce parti, selon ce sondage réalisé par l'agence IPSOS Puls.

La HDZ, qui a dominé la vie politique croate depuis l'indépendance en 1991, à l'exception des années 2000-2003, a été secouée ces derniers mois par des scandales de corruption et la crise économique.

«Merci beaucoup à tous ceux qui ont voté pour nous. Nous prenons (cette manifestation de soutien) avec sérieux et nous allons travailler dur», a déclaré Vesna Pusic, une responsable du Parti populaire croate (HNS, libéral, membre de la coalition de centre gauche).

Cette majorité va permettre de «mettre en oeuvre notre programme politique de façon systématique», s'est félicitée Mme Pusic, qui est la probable future ministre croate des Affaires étrangères.

Selon les premiers résultats préliminaires officiels, qui confirment cette tendance, la coalition de l'opposition obtient 78 sièges, contre 48 pour la HDZ et ses partenaires.

Ces résultats officiels sont basés sur 10% à 20% des bulletins dépouillés, selon la télévision nationale.

C'est donc un gouvernement de centre gauche qui présidera vraisemblablement aux destinées de la Croatie les quatre années à venir et c'est lui qui conduira le pays à l'Union européenne, en juillet 2013.

Les sondages récents annonçaient cette victoire de la coalition de l'opposition.

«On s'attend à la victoire», déclarait déjà en cours de journée Zoran Milanovic, le dirigeant du SDP, et plus que probable prochain Premier ministre.

Plus de 4,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Le taux de participation était de 46% à 10h00 (heure de Montréal), trois heures avant la fermeture des bureaux de vote.

Un responsable de la HDZ, Vladimir Seks, a dénoncé, dans une première réaction, une «guerre contre la HDZ», menée selon lui par «tous les médias» du pays pendant la campagne électorale.

La plupart des électeurs rencontrés dimanche dans les bureaux de vote à Zagreb souhaitaient un changement de pouvoir.

«Le gouvernement sortant a été pour moi une grande déception. Ils ont pillé la Croatie, et on n'a pas encore tout découvert», affirmait un retraité, Giorgije Zjacic.

Nenad, un avocat de 49 ans qui a refusé de donner son nom de famille, disait avoir voté pour la coalition de centre gauche, même si ce n'était pas son «choix naturel».

«Nous devons nous débarrasser de ce pouvoir corrompu et incompétent de la HDZ. J'ai voté plutôt 'contre' que 'pour'», expliquait-il.

Le prochain gouvernement héritera d'une situation économique très délicate, après une récession presque constante depuis le début 2009 et un taux de chômage de 17,4%.

Zoran Milanovic a d'ores et déjà annoncé des «décisions difficiles» et un budget «au régime».

Le président de la Croatie, Ivo Josipovic, a dit s'attendre à un engagement rapide du nouveau cabinet.

«Je m'attends à un travail ardu, à un travail sur les réformes, le travail pour la sortie de la crise économique», a-t-il déclaré.

Cinq jours après le scrutin, la Croatie doit signer à Bruxelles le traité d'adhésion à l'UE.