La France a décidé de réduire temporairement le personnel de son ambassade à Téhéran par «mesure de précaution» après le saccage et la fermeture de l'ambassade de Grande-Bretagne, qui a provoqué un tollé international et placé le régime iranien sur la défensive.

Une partie du personnel diplomatique ainsi que les familles de tous les fonctionnaires français en poste à Téhéran vont quitter l'Iran dans les prochains jours, a indiqué samedi un diplomate français.

«Il s'agit d'une mesure de précaution» après l'attaque mardi de plusieurs sites de l'ambassade britannique à Téhéran, totalement dévastés par quelques centaines de miliciens islamistes du régime (bassidjis), a-t-il précisé.

Cette attaque, condamnée jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, a provoqué un tollé international.

En représailles, le Royaume-Uni a fermé l'ambassade d'Iran à Londres, dont les diplomates expulsés sont arrivés samedi à Téhéran, tandis que plusieurs capitales européennes, dont Paris et Berlin, ont rappelé leurs ambassadeurs par solidarité.

La mesure française devrait concerner le personnel administratif, ainsi que les services culturel et économique et l'école française de Téhéran, selon les informations. Aucune instruction particulière n'a en revanche été donnée aux quelque 700 Français, dont une centaine d'expatriés, vivant en Iran.

La France est en pointe depuis deux ans, aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, pour pousser la communauté internationale à isoler l'Iran par des sanctions économiques et politiques afin de l'obliger à renoncer à son programme nucléaire controversé.

Ce programme a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions, et les Occidentaux ont imposé en 2010 un embargo économique et financier sévère contre l'Iran.

C'est l'annonce par Londres d'un renforcement de cet embargo qui a provoqué l'attaque contre l'ambassade britannique, au lendemain d'une décision du Parlement iranien de réduire les relations avec le Royaume-Uni.

Pour la première fois, un haut dignitaire du régime a pris ses distances avec l'action des «bassidjis», en estimant qu'elle allait coûter cher à l'Iran et n'avait pas eu l'aval du Guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, dont se sont réclamés les assaillants.

«Il n'y a aucun doute que la Grande-Bretagne est l'un des plus anciens ennemis de l'Iran mais les jeunes révolutionnaires ne doivent pas aller au-delà de la loi», a affirmé le grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi dans un communiqué.

«Parfois, certaines actions illégales peuvent fournir à l'ennemi un prétexte (pour réagir) pour lequel nous devons ensuite payer un prix élevé», a expliqué ce dignitaire religieux proche du courant ultraconservateur dominant le régime.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a exprimé ses «regrets» après l'attaque, mais le président du Parlement Ali Larijani, l'un des ténors du camp ultraconservateur, l'a en revanche justifiée comme une réponse à «la politique dominatrice» du Royaume-Uni.

Le ministre adjoint aux Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, chargé des affaires consulaires, a estimé que l'avenir était «incertain» concernant les relations avec Londres, sur la chaîne publique satellitaire Jam-e Jam.

Il a précisé que l'Iran avait mis en place une «commission» chargée de soutenir à distance les 200 à 300 000 Iraniens résidant au Royaume-Uni, qui risquent d'être affectés par la fermeture de l'ambassade iranienne. «Cette action britannique est un geste très irresponsable envers leurs immigrants».