La police allemande est intervenue au petit matin dimanche pour évacuer, dans le calme, des milliers d'opposants au convoi de déchets nucléaires, qui roulait lentement vers son terminus ferroviaire de Dannenberg, a constaté l'AFP.

Vers 10h GMT (5h, heure de Montréal) dimanche ce convoi, le dernier à transporter des déchets nucléaires allemands de l'usine de retraitement française de La Hague vers le site de stockage temporaire de Gorleben, a battu le record détenu par son prédécesseur avec 92 heures.

La police a annoncé avoir interpellé 1.300 personnes, parmi les milliers opposées au stockage dans une ancienne mine de sel qu'ils ne jugent pas sûre.

Selon les services de secours cités par l'agence allemande dpa, environ 150 personnes avaient été blessées le long du parcours en Allemagne entre jeudi et samedi soir, dont une centaine de manifestants.

Toutes ces blessures ont été traitées en ambulatoire: il ne s'agissait que de bleu, coupure, ou gêne respiratoire causée par la fumée ou le gaz lacrymogène.

Samedi quelque 5000 personnes, selon les organisateurs, 3500 selon la police, avaient envahi la voie ferrée à hauteur de Harlingen, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Dannenberg, terminus ferroviaire du convoi parti mercredi de La Hague.

La police et plusieurs participants ont raconté à l'AFP que l'ambiance était très détendue.

«Il y a eu des feux de camp, de la musique, on apportait à manger» aux manifestants, a raconté à l'AFP Mechthild Magerl, de l'association «Widersetzen» (s'opposer), organisatrice de cette action.

Vers 1h GMT (20h, heure de Montréal), les forces de l'ordre ont sommé les manifestants de quitter les lieux.

Certains se sont écartés volontairement, comme Matthias Heilmann, 28 ans, un étudiant venu de Hambourg: «je suis venu pour m'opposer et participer, mais si je ne m'étais pas levé, je ne sais pas combien de temps la police m'aurait gardé, et je dois être demain à Hambourg».

Les récalcitrants, très majoritaires, ont été portés un par un par la police à partir de 2h30 GMT (21h30, heure de Montréal), sous les huées.

Ils ont été ensuite menés dans un champ où des dizaines de véhicules de police, garés parechoc contre parechoc, formaient un vaste enclos en triangle.

«On leur donne une couverture, de la nourriture. Il y a des toilettes», a rassuré le porte-parole de la police, Torsten Henkel. Ils resteront sur place «jusqu'à ce que le convoi ait emprunté ce passage», a-t-il ajouté.

L'opération s'est achevée vers 6h30 GMT (1h30, heure de Montréal) et sans incident notable, a constaté un photographe de l'AFP.

Au cours de la nuit, la police a également évacué sept militants de l'organisation écologiste Greenpeace, qui s'étaient enchaînés aux voies à proximité de Lüneburg, non loin de là. Elle avait dû pour cela couper un morceau des rails, a indiqué Greenpeace, photos à l'appui.

Le train était attendu en fin d'après-midi à Dannenberg. Les 11 conteneurs transportant chacun 28 tonnes de combustible nucléaire retraité à l'usine Areva devront alors être transférés sur des camions -- une opération qui prendra aussi plusieurs heures -- pour les 20 derniers kilomètres jusqu'au site de stockage temporaire, une ancienne mine de sel à Gorleben.

Mais il reste encore de nombreuses actions en cours et à venir pour ralentir le convoi, a averti le collectif d'associations qui lutte pour une sortie plus rapide de l'Allemagne du nucléaire -- actuellement prévue pour 2022 --, et pour qu'une solution définitive pour le stockage des déchets les plus dangereux soit trouvée.

Samedi après-midi, une grande manifestation à l'appel de ce collectif a réuni dans le calme 23 000 personnes selon les organisateurs, 8000 selon la police.