Le ministère islandais de l'Intérieur a refusé vendredi au promoteur chinois Huang Nubo l'autorisation d'acheter un vaste terrain dans le nord de l'île pour y construire un projet immobilier.

«Il est impossible de dire oui à la demande du groupe chinois» Zhongkun de M. Huang, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Ögmundur Jonasson, à quelques journalistes, dont celui de l'AFP.

Ce refus était inattendu, car dans un avis consultatif publié le 10 novembre, le ministère des Affaires économiques s'était prononcé en faveur de l'autorisation, estimant qu'il n'y avait «aucune raison de penser que les intérêts de l'Islande sont d'une quelconque façon menacés par l'investissement étranger en question».

Non-résident de l'espace économique européen, M. Huang devait demander une dérogation pour acheter un terrain en Islande et il revenait au ministre de l'Intérieur de prendre la décision.

«Quelle que soit la façon dont on aborde le dossier, il n'y avait aucun moyen de l'autoriser», a ajouté M. Jonasson.

«Nous parlons de l'achat d'un terrain d'une telle étendue que si nous avions accepté d'octroyer une dérogation, on aurait ensuite pu dire que la loi était nulle et non avenue», a plaidé le ministre en estimant qu'après un tel précédent, «n'importe quelle autre demande de dérogation aurait dû être accordée».

Le représentant de M. Huang en Islande, Halldor Johansson, a fait part de sa «déception» et s'est dit «abasourdi», selon le site d'informations islandais visir.is.

Il a souligné que rien dans la loi ne spécifiait la taille des terrains autorisés à être vendus.

Magnat chinois de l'immobilier, Huang Nubo a proposé en août 10 millions de dollars pour ce terrain de 300 km2 situé dans le nord-est de l'Islande, afin d'y développer un complexe touristique de luxe comprenant un hôtel, un golf et la plus grande réserve naturelle d'Europe.

Le terrain en question, appelé Grimsstadir a Fjöllum, est «partiellement détenu par l'État et il n'est pas à vendre simplement parce qu'un prix élevé est proposé», avait affirmé à l'époque le ministre de l'Intérieur.

La décision prise vendredi est définitive et M. Huang n'a aucun recours ni possibilité de réclamer à l'État islandais des compensations.

«Je ne vois pas comment quiconque pourrait demander des compensations à l'État islandais pour avoir appliqué la loi», a affirmé M. Jonasson.

M. Huang s'était dit attiré par la beauté sauvage de l'Islande et avait promis de la respecter. En plus du prix d'achat proposé, il parlait d'investir 200 millions de dollars pour la construction du complexe.

Vendredi, le ministre islandais a dit que sa décision avait été transmise au promoteur chinois. «Nous n'avons pas eu de réaction, nous avons simplement signifié au représentant du groupe chinois les conclusions du ministère», a déclaré M. Jonasson.

Des observateurs islandais avaient estimé que Pékin pouvait, via M. Huang, chercher à s'implanter dans la région afin d'y effectuer un travail préparatoire en vue de la course au pactole de l'Arctique.

La fonte de la calotte glacière arctique laisse entrevoir un accès à de nouvelles réserves de pétrole et de gaz, ainsi que l'apparition d'une nouvelle route plus courte pour le fret entre l'Asie et l'Europe.

M. Jonasson a déclaré vendredi qu'il estimait à titre personnel qu'il fallait «faire cesser l'appropriation par des étrangers de terres islandaises» et des richesses qui y sont liées, en allusion au tollé suscité l'an dernier par l'acquisition par un groupe canadien, Magma, d'une société islandaise productrice d'électricité, HS Orka.

Le groupe Zhongkun de M. Huang possède plusieurs établissements touristiques dans le monde.