Le premier témoignage d'un survivant du massacre de Srebrenica en juillet 1995 a été entendu jeudi dans le procès de l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

«Nous avons entendu la nouvelle selon laquelle Srebrenica était tombée, c'est pour cela que nous avons dû partir, forcément, parce que tout le monde serait tué», a déclaré le témoin, sous couvert de l'anonymat.

«Des personnes âgées sont restées derrière et ont fini par être tuées», a-t-il ajouté: «elles n'ont pas pu s'échapper».

Près de 8000 hommes et garçons musulmans de Srebrenica (Bosnie orientale) avaient été tués par les forces serbes de Bosnie du 11 au 15 juillet 1995, le pire massacre en Europe depuis le début de la Seconde Guerre mondiale.

Détenu les 12 et 13 juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, le témoin «KDZ039» a survécu aux exécutions ayant eu lieu le 14 juillet dans la municipalité de Zvornik, au nord de Srebrenica.

Le procureur Julian Nicholls a lu devant les juges de précédentes déclarations du témoin, lors d'un autre procès concernant le massacre de Srebrenica. Il avait raconté avoir été conduit dans une clairière où il avait survécu aux exécutions.

«Les soldats ont ouvert le feu et le témoin a vu des hommes tomber autour de lui», a lu le procureur. Il a vu les exécutions continuer pendant la nuit «à la lumière des phares», a souligné M. Nicholls.

Interrogé par le magistrat, le témoin, qui avait réussi à s'enfuir pendant la nuit, a affirmé qu'à part lui-même, «un seul homme a survécu, sur des milliers».

Radovan Karadzic, 66 ans, qui se défend seul, est accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au cours de la guerre de Bosnie (1992-1995), conflit qui a fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

L'accusation a conclu les trois premières parties de la présentation des éléments à charge, à savoir celles portant sur le siège de Sarajevo, durant lequel 10 000 personnes ont été tuées entre 1992 et 1995, les crimes reprochés à Radovan Karadzic dans diverses municipalités de Bosnie et la prise en otage de plus de 200 Casques bleus et observateurs de l'ONU en mai et juin 1995.

La présentation des éléments à charge concernant Srebrenica, la dernière phase de cette partie du procès, est prévue pour durer jusqu'à la mi-2012. Une soixantaine de témoins devraient se succéder à la barre.

Radovan Karadzic avait été arrêté en juillet 2008 à Belgrade après s'être caché pendant 13 ans et plaide non coupable. L'accusé avait boycotté l'ouverture, en octobre 2009, de son procès.