La classe politique française a multiplié, hier, les promesses de réforme judiciaire en réaction à l'indignation populaire soulevée par le meurtre sordide d'une jeune collégienne. Tant le gouvernement de droite que les élus de gauche, soucieux de ne pas paraître en reste sur les questions de sécurité, sont intervenus publiquement pour commenter la mort d'Agnès Marin, 13 ans.

La dépouille de l'adolescente, portée disparue au milieu de la semaine dernière, a été retrouvée vendredi à proximité du collège Cévenol de Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, où elle étudiait depuis le début de l'année.

Selon les enquêteurs, la jeune femme, originaire de Paris, a été violée et tuée par un adolescent de 17 ans qui a brûlé le corps pour tenter de faire disparaître les traces de son crime.

Le garçon, dont l'identité n'a pas été dévoilée, avait déjà été mis en examen pour une autre affaire de viol qui était toujours en attente de jugement. Il avait été autorisé en 2010 à intégrer un établissement scolaire classique à l'issue d'une évaluation approfondie.

Le directeur du collège a indiqué, samedi, qu'il ignorait la nature des délits antérieurs de l'adolescent, soumis à un contrôle judiciaire régulier ainsi qu'à un suivi thérapeutique. Le procureur de Clermont-Ferrand a assuré pour sa part que l'école l'avait accepté «en toute connaissance de cause».

La classe politique s'en mêle

Plusieurs ministres sont intervenus hier dans les médias pour affirmer leur indignation devant le meurtre tout en se défendant de toute tentative «d'instrumentalisation» politique.

Le premier ministre François Fillon, qui a convoqué une réunion en après-midi avec plusieurs hauts responsables du gouvernement pour faire le point, a déclaré que la «prévention de la récidive doit être une priorité absolue de tous les services de l'État».

Le ministre de la Justice, Michel Mercier, a annoncé que certaines mesures seraient incluses dans une nouvelle loi à venir pour mieux évaluer la dangerosité des délinquants.

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a jugé «nauséabonde» la manière dont la droite réagissait à ce fait divers tragique. Ses critiques n'ont pas empêché plusieurs membres de sa formation d'y aller de leurs propres suggestions, hier.

Le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, a entre autres relevé qu'il y aurait des dispositions «extrêmement précises» dans le programme du candidat socialiste relativement au risque de récidive.

Photo: Charles Platiau, Reuters

La petite Agnès, 13 ans, avait disparu mercredi après avoir été attirée par Mathieu dans la forêt. Elle a été tuée le jour même et retrouvée vendredi sur les indications du jeune homme qui a reconnu l'avoir également «violée et brûlée».

Marche symbolique

La frénésie qui s'est emparée de la classe politique reflète l'ampleur de la colère soulevée par la mort de la jeune femme.

Samedi, des milliers de personnes ont participé à une marche symbolique. À Paris, plusieurs amis de l'adolescente ont laissé des fleurs et des messages devant la résidence familiale. Des milliers de personnes ont commenté sa mort sur Twitter ou Facebook, où plusieurs groupes se sont formés pour lui rendre hommage. L'un d'eux comptait hier plus de 15 000 membres. Plusieurs intervenants y ont réclamé une peine sévère pour l'accusé, voire la peine de mort.

Les parents de la victime, bien qu'accablés par le meurtre de leur fille, ont déclaré hier qu'ils ne demandaient «pas la vengeance». Ils ont plutôt adressé leurs critiques à l'établissement scolaire en relevant que leur enfant aurait pu être sauvée «avec un tout petit peu moins de négligence».