L'Espagne vote dimanche pour des élections législatives qui devraient donner une majorité écrasante à la droite, portée par la colère du pays face à une crise qui laisse dans son sillage près de cinq millions de chômeurs.

Le chef du Parti populaire, Mariano Rajoy, 56 ans, devrait malgré son manque de charisme diriger le prochain gouvernement, profitant du vote-sanction infligé aux socialistes, au pouvoir depuis 2004, dernières victimes en date d'une crise de la dette qui a déjà balayé les gouvernements grec et italien.

Sous très forte pression des marchés financiers, il lui faudra agir vite pour tenter de redresser l'économie, mais les nouvelles mesures de rigueur qui se profilent pourraient attiser la grogne sociale qui s'est installée dans le pays.

La campagne, sans suspense, n'a laissé aucune chance au candidat socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, et les derniers sondages prédisaient pour la droite une majorité absolue d'une ampleur historique au Parlement.

Mécontents d'un gouvernement qui leur a imposé de lourdes mesures de rigueur, les Espagnols ne devraient pourtant pas échapper à court terme à une nouvelle cure d'austérité, la droite ayant promis des coupes budgétaires afin de redresser les comptes publics.

Les premières réformes ne seraient toutefois mises en place qu'une fois installées les deux chambres du Parlement le 13 décembre, puis investi le chef du gouvernement, à partir du 20.

Arrivés au pouvoir en plein miracle économique, alors que la croissance espagnole était portée par le boom de l'immobilier, les socialistes n'auront pas résisté à la crise financière mondiale qui a éclaté à l'automne 2008.

Depuis mai 2010, les Espagnols sont soumis à une politique d'austérité - baisse de 5% du salaire des fonctionnaires, gel des retraites, ou recul de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans - qui a fait plonger la confiance envers le gouvernement, finalement contraint à avancer de quatre mois les élections.

Le mouvement des «indignés», né au printemps d'un élan populaire inédit en Espagne, en réaction à la crise, s'est mis en sourdine mais perdure par exemple en luttant contre les expulsions de propriétaires surendettés.

Mais le mécontentement est bien là, à l'heure où de nombreux Espagnols se préoccupent avant tout de savoir comment ils termineront le mois. D'autant que l'horizon reste bouché avec un chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés, et la menace d'un retour à la récession.

Près de 36 millions d'électeurs sont appelés à élire 350 députés et 208 sénateurs.

Les bureaux de vote ouvrent à 09H00 et ferment à 20H00, heure à laquelle seront publiés des sondages effectués à la sortie des urnes. Les résultats quasi définitifs sont attendus dans la soirée.