La justice portugaise a refusé jeudi d'extrader l'Américain George Wright, arrêté dans les environs de Lisbonne après une cavale de 41 ans, car elle a considéré qu'il s'agissait d'un citoyen portugais, a indiqué son avocat à l'AFP.

Le gouvernement américain s'est dit «extrêmement déçu» par la décision portugaise. «Les États-Unis respectent l'indépendance de la justice portugaise, mais nous sommes toutefois extrêmement déçus par la décision de la cour d'appel», indique un communiqué du département d'État américain qui demande à Lisbonne de «respecter ses obligations».

«La Cour d'appel de Lisbonne a considéré qu'il avait la nationalité portugaise et il ne sera pas extradé», a déclaré l'avocat Manuel Luis Ferreira, revendiquant «une victoire de la défense sur toute la ligne».

Cette décision peut faire l'objet d'un appel auprès de la Cour suprême de justice, mais seulement si une personne ou une institution se porte partie civile, a précisé l'agence de presse Lusa, citant une source judiciaire.

Arrêté le 26 septembre au Portugal, Georges Wright, 68 ans, vivait depuis 20 ans à Almoçageme, un petit village situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Lisbonne, sous le nom de José Luis Jorge dos Santos.

Placé en détention préventive puis en résidence surveillée à partir de la mi-octobre, «il est désormais libre», a indiqué Me Ferreira.

«Je suis très satisfait et je veux remercier la justice portugaise pour avoir pris la bonne décision», a déclaré M. Wright en début de soirée, s'adressant aux journalistes dans le cabinet de son avocat à Lisbonne.

Demandant à être appelé par son nouveau nom et s'exprimant en portugais, il a dit avoir la «conscience tranquille». «Ce temps appartient au passé, je ne suis plus la personne que j'étais à l'époque», a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain réclame l'extradiction de George Wright pour s'être évadé en 1970 d'une prison de l'État américain du New Jersey où il purgeait une peine pour un meurtre commis en 1962.

Dix ans plus tard, il avait, avec quatre complices, détourné un avion et exigé une rançon élevée pour libérer les passagers, avant de s'envoler vers l'Algérie où ils avaient demandé l'asile.

En 1976, les malfaiteurs avaient été arrêtés en France sauf George Wright qui avait réussi à s'éclipser.

«Nous sommes extrêmement déçus par la décision de la Cour d'appel de Lisbonne», avait réagi plus tôt l'ambassade des États-Unis à Lisbonne.

«George Wright est un assassin condamné, coupable d'un crime extrêmement grave qui entre tout à fait dans les termes de notre traité d'extradition avec le Portugal», a déclaré l'ambassade dans un communiqué.

L'Américain s'était opposé à son extradition vers les États-Unis, arguant qu'il était «un citoyen portugais jouissant de tous ses droits».

M. Wright a obtenu sa nouvelle identité en Guinée-Bissau, une ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, qui lui a accordé l'asile politique au début des années 1980. Il est devenu portugais quelques années plus tard, à la suite de son mariage avec Maria do Rosario Valente, une Portugaise dont il a eu deux enfants.