L'ex-vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Lucas Papademos, 64 ans, un des artisans de l'ancrage grec à l'euro, a été chargé jeudi par le chef de l'État grec de former un gouvernement de coalition, a annoncé la présidence.

«Le chef de l'État, sur proposition des chefs de partis politiques, a confié le mandat de former un gouvernement à Lucas Papademos», a indiqué un bref communiqué de la présidence de la République, diffusé jeudi après plus de quatre heures de négociations entre la majorité socialiste et l'opposition de droite.

«Il a été convenu que la mission du gouvernement est la mise en oeuvre des décisions du sommet de la zone euro du 26 octobre et de la politique économique liée à ces décisions», ajoute le communiqué, publié à l'issue d'une réunion du premier ministre socialiste sortant, Georges Papandréou, de son rival conservateur Antonis Samaras et du leader populiste Georges Karatzaferis.

L'avenir de la Grèce est dans l'euro même si sa situation actuelle «à un carrefour crucial» est difficile, a immédiatement estimé M. Papademos dans sa première déclaration publique après avoir été chargé de former le gouvernement.

Le choix du socio-libéral Lucas Papademos, qui offre le profil rassurant d'un ancien banquier central (2002-2010) expert en questions financières et d'un Européen convaincu et averti, a été salué avec soulagement par les premiers commentateurs interrogés par les médias et devrait être bien accueilli par les partenaires européens du pays.

Aucune date n'a été fixée pour des élections anticipées, qui avaient été demandées par la Nouvelle Démocratie (ND), le parti conservateur de M. Samaras, comme gage de sa participation à un gouvernement de coalition.

«La date précise n'a pas été déterminée», a affirmé M. Papademos en renvoyant au texte de l'accord politique intervenu dimanche dernier entre le parti socialiste majoritaire, le Pasok, et la ND.

Ce texte stipulait que le nouveau gouvernement aurait pour mission «de conduire le pays à des élections immédiatement après la mise en oeuvre des décisions du 26 octobre». Des représentants du Pasok et de la ND avaient dans la foulée conclu un compromis de principe sur une date autour du 19 février.

M. Samaras a pour sa part réitéré qu'il souhaitait des élections «proches» en arrivant au siège de son parti après sa sortie du palais présidentiel.

Après l'annonce du nom de son successeur, le premier ministre démissionnaire Georges Papandréou a quitté le palais présidentiel en souriant, saluant la meute de journalistes présente d'un geste de la main.

Le choix de M. Papademos, ancien gouverneur de la Banque centrale de Grèce, intervient après quatre jours d'intenses tractations entre les partis, suivies avec inquiétude par l'UE et le FMI, les créanciers de la Grèce, qui demandaient une solution politique «claire» pour le pays au bord de la faillite.

«J'espère que les partis ne vont pas tenter de raccourcir la vie de ce gouvernement, mais vont au contraire l'aider à accomplir sa tâche», a commenté à chaud le député socialiste Nassos Alevras, saluant un «choix fort».

Outre la date des élections, deux autres questions doivent être éclaircies dans les prochaines heures, le niveau de participation de cadres de l'opposition de droite au nouveau gouvernement, et le nom du titulaire du ministère des Finances, crucial pour les négociations à venir avec les banques dans le cadre de l'opération de restructuration de dette.

L'entourage du ministre des Finances du gouvernement sortant, Evangélos Vénizélos, affirmait en début d'après-midi n'avoir «aucune information» sur son maintien ou non à ce poste clé.

La télévision publique Net prévoyait pour sa part qu'aucune figure politique des conservateurs ne devrait entrer dans la nouvelle équipe.

«Porter le banquier Papademos à la tête du gouvernement est un choix de la ploutocratie», a de son côté réagi le parti communiste KKE, troisième formation parlementaire, qui avait décliné l'invitation du chef de l'État et réclamait des élections immédiates, tout comme l'autre parti d'opposition de gauche, radicale, le Syriza. Le KKE a appelé à une «alliance populaire» pour «renverser cette alliance noire».