Le premier ministre italien Silvio Berlusconi a jeté l'éponge: il démissionnera après l'adoption au parlement des mesures promises à l'UE pour éviter la contagion de la crise de la dette, alors qu'en Grèce les pourparlers continuent pour former un gouvernement d'union nationale.

Une fois qu'auront été adoptées au parlement les mesures budgétaires et réformes économiques promises à l'Union européenne fin octobre, M. Berlusconi «remettra son mandat au chef de l'État», a annoncé mardi la présidence de la République.

Selon le communiqué officiel, lors de l'entretien avec le chef de l'État Giorgio Napolitano, le Cavaliere s'est dit «conscient des conséquences du résultat» d'un vote mardi à la Chambre, où il est apparu qu'il n'avait plus la majorité absolue.

Le bilan 2010 de l'État a été approuvé par 308 voix et grâce à l'abstention de l'opposition qui a dit avoir permis ce vote uniquement afin d'éviter de bloquer la machine étatique.

«Le gouvernement n'a plus la majorité que nous pensions avoir et j'en prends acte», a constaté amèrement le Cavaliere dans une interview téléphonique à une de ses télévisions, en disant avoir compris aussi que «le gouvernement n'a plus la confiance des marchés».

Les mesures promises à l'UE (cession d'actifs publics pour réduire la dette, libéralisation des professions réglementées, simplification des procédures administratives) vont faire l'objet d'un amendement à la loi de finances 2012 qui sera soumise au vote du Sénat d'ici au 18 novembre et de la Chambre des députés d'ici la fin novembre.

Le Quirinal a annoncé qu'une fois M. Berlusconi partit, M. Napolitano entamera des consultations avec tous les partis en vue de tenter la formation d'un nouveau gouvernement.

M. Berlusconi a douté qu'un nouvel exécutif puisse obtenir une majorité stable et a plaidé pour l'organisation au plus vite d'élections anticipées, tout en reconnaissant que c'est au président de le décider.

«C'est incontestablement la fin de ce gouvernement», a commenté Marc Lazar, qui enseigne à l'Institut d'études politiques à Paris.

Les marchés semblaient réagir positivement à l'annonce d'un départ à terme de M. Berlusconi. L'indice Dow Jones à la bourse de New York gagnait ainsi 0,42% et le Nasdaq 0,73%.

Avant cette annonce, le taux à 10 ans de l'Italie est monté jusqu'à 6,770%, un niveau inédit depuis la création de l'euro, légèrement plus que le précédent record qui datait du matin même (6,73%). Ce niveau est jugé insoutenable à plus long terme compte tenu de la dette colossale du pays (1.900 milliards d'euros, 120% du PIB).

Les économistes craignent que l'Italie ne réussisse plus à refinancer sa dette, faute de demande suffisante, ce qui serait un point de «non-retour».

Placée sous surveillance du Fonds monétaire international et de l'Union européenne, dont les premiers experts sont attendus dans la soirée à Rome, l'Italie, qui a promis de remettre de l'ordre dans ses comptes, est également sous le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE).

«L'Italie sait que vu la taille du pays, elle ne peut pas espérer une aide extérieure, c'est la raison pour laquelle des efforts énormes sont déployés en Italie en ce moment», a déclaré mardi la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter.

Le premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, a appelé Rome à prendre des mesures décisives et cesser «les promesses en l'air» si elle veut s'en sortir.

Une éventuelle contagion de la crise de la dette à l'Italie mettrait à genoux l'ensemble de la zone euro.

De son côté, la Grèce attendait toujours mardi soir le nom de son premier ministre qui dirigera un gouvernement de coalition entre socialistes et opposition de droite en vue de sauver le pays de la faillite.

Le nom de l'homme politique qui revenait avec le plus d'insistance est celui de l'économiste Lucas Papademos, ancien haut responsable de la BCE.

Après plus de 24 heures de tractations et entretiens téléphoniques, le premier ministre socialiste sortant Georges Papandréou et le dirigeant de la droite de la Nouvelle Démocratie Antonis Samaras semblaient sur le point de trouver un accord.

Même si la situation politique en Grèce semblait se débloquer, la zone euro reste méfiante et ses représentants ont demandé lundi soir un engagement écrit aux deux principaux partis grecs à respecter les promesses d'économies budgétaires et de réformes avant tout versement de nouveaux prêts.

La Grèce a émis mardi 1,3 milliard d'euros d'obligations à six mois, à un taux en légère hausse, à 4,89%, par rapport à celui de la dernière émission similaire début octobre.