Le gouvernement de Georges Papandréou, surnommé «roi du chaos» par la presse grecque pour sa détermination à imposer un référendum sur sa politique européenne, semblait ne plus tenir qu'à un fil mercredi, à l'avant-veille d'un vote de confiance crucial au Parlement.

Malgré le soutien de son gouvernement sur son projet de référendum obtenu dans la nuit au terme d'un conseil des ministres marathon, le premier ministre grec faisait face à une rébellion au sein de son propre parti (socialiste, Pasok) qui apparaît divisé mercredi.

Trois camps se profilent au sein du Pasok: ceux qui menacent de quitter le groupe parlementaire pour tuer le référendum, ceux qui appellent à la création d'un gouvernement d'unité nationale pour permettre la survie du pays menacé de faillite imminente, et les fidèles.

Mercredi matin, la décision-surprise du premier ministre d'imposer un référendum était critiquée dans la presse grecque pour l'incertitude qu'elle génère, et le risque de voir le pays basculer immédiatement dans la faillite.

«La Grèce part en vrille, l'unité du Pasok secouée, le versement de la 6e tranche pas assuré», titrait le quotidien à grand tirage Ta Nea, faisant référence au versement de fonds attendu avant la fin du mois de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour éviter une faillite du pays.

Le quotidien Elefterotypia (gauche) qualifiait M. Papandréou de «Roi du chaos», à l'unisson des dirigeants de la zone euro et des marchés qui ont étrillé le premier ministre grec, sa décision relançant les craintes pour l'avenir de la zone euro dans son ensemble.

«Est-ce que le premier ministre et son gouvernement peuvent continuer de gouverner? La réponse est non», tranche le quotidien libéral Kathimerini. «Une solution doit être trouvée immédiatement pour assurer le maintien du pays dans l'euro, faire face à la colère populaire et éviter un effondrement de l'État».

Mercredi en fin d'après-midi, un débat crucial de trois jours doit commencer au Parlement, avant un vote de confiance attendu vendredi dans la nuit à la demande de M. Papandréou pour valider sa politique, alors que de nouvelles manifestations s'annoncent en Grèce contre l'austérité et la perte de souveraineté du pays induite par le plan européen.

De fait, la majorité parlementaire de M. Papandréou fond comme neige au soleil au fur et à mesure des lois d'austérité qui se succèdent.

Mercredi, elle était réduite officiellement à 152 sur 300 sièges, avec des incertitudes sur les comportements individuels de tel ou tel.

Le premier ministre qui a dit avoir informé ses partenaires européens de ses projets, est resté ferme sur sa détermination à organiser un référendum dans un pays qui n'a jamais été consulté sur ses choix européens.

«Le dilemme n'est pas un choix entre oui ou non au gouvernement, le dilemme est oui ou non à l'accord européen, oui ou non à l'Europe ou oui ou non à l'euro» a-t-il dit aux membres de son gouvernement lors d'un conseil des ministres nocturne qui a finalement approuvé ses choix «à l'unanimité», selon le porte-parole du gouvernement.

Dans les rangs mêmes de ses soutiens, on envisage clairement une chute du pouvoir grec avant la fin de la semaine: «Si le gouvernement perd le vote de confiance vendredi soir, nous allons vers des élections, c'est clair» a déclaré le ministre de l'Intérieur Haris Kastanidis, présenté comme partisan du référendum, sur la télévision publique NET.

La députée Pasok Eva Kaili, qui a menacé de quitter le groupe parlementaire a estimé pour sa part sur la télévision Mega qu'un référendum était une «mauvaise stratégie» au moment où le pays est au bord de la banqueroute.

«Je me sens l'otage d'un chantage permanent depuis quelque temps, et je connais au moins dix autres députés qui pensent la même chose» a-t-elle dit en espérant que les dirigeants de Cannes garantissent le versement vital à la Grèce.