Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, figure du terrorisme international, placé à l'isolement le 18 octobre à la prison de la Santé à Paris, a cessé jeudi sa grève de la faim commencée il y a dix jours, a-t-on appris vendredi auprès de Me Francis Vuillemin, l'un de ses deux avocats.

L'avocat a dit à l'AFP que l'Administration pénitentiaire avait fait cesser sa mesure d'isolement jeudi. Le prisonnier a regagné le quartier des personnalités de la prison.

«L'isolement a cessé, c'est essentiel, mais on exige une décision administrative qui annule la mesure d'isolement pour les dix jours passés», a déclaré l'avocat.

Carlos, 62 ans, est incarcéré à la prison de la Santé dans l'attente d'un nouveau procès du 7 novembre au 16 décembre à Paris pour des attentats commis en France en 1982 et 1983 (11 morts).

Son avocate et épouse, Isabelle Coutant Peyre, «m'a informé qu'on allait lui rendre ses affaires, ses documents et son ordinateur», a précisé par téléphone à l'AFP Vladimir, le frère de Carlos, âgé de 53 ans, qui réside à Caracas au Venezuela, confirmant que son frère avait cessé sa grève de la faim.

Vladimir Ramirez Sanchez a toutefois dénoncé que cela «ne change rien au fait qu'il va lui rester peu de jours» pour travailler à sa défense et que les 10 jours de grève de la faim qu'il a suivis l'ont laissé «affaibli».

Dans une lettre adressée au ministre de la Justice rendue publique, Me Vuillemin imputai,t il y quelques jours, la grève de la faim de son client à «la violation délibérée des droits de la défense», son ordinateur ayant «été démonté et jeté en vrac dans un carton, sans possibilité d'installation dans sa cellule d'isolement». Il ne pouvait donc consulter les documents de la procédure, afin de préparer sa défense, disait son avocat.

Selon un document de l'administration pénitentiaire, son placement à l'isolement est la conséquence d'une interview téléphonique que Carlos a accordée à la radio Europe 1, les moyens de communication mis à sa disposition ne devant pas servir à entrer en contact avec les médias.

Caracas montré du doigt

Vladimir Ramirez Sanchez, petit frère de Carlos, a dénoncé vendredi à Caracas «l'inaction» du gouvernement vénézuélien, pays dont ils ont la nationalité, à l'égard de son aîné.

«Les droits de mon frère ne sont pas respectés», à la veille d'un nouveau procès, du 7 novembre au 16 décembre à Paris pour des attentats commis en France en 1982 et 1983 (11 morts), a affirmé Vladimir, évoquant le placement à l'isolement de Carlos le 18 octobre.

En raison de «sa condition de diabétique», cette grève a cependant «affaibli» le terroriste de la cause palestinienne et auteur de spectaculaires actions armées -déjà condamné à perpétuité en 1997 pour le meurtre en 1975 de deux policiers et d'un indicateur à Paris-, ce qui «inquiète» son petit frère.

Toutefois, pour cet ingénieur civil de 53 ans, organisateur d'une campagne de soutien à son frère depuis que celui-ci a été arrêté en 1994 au Soudan par les services secrets français, «le principal responsable» de la situation de Carlos, dit Le Chacal, est «l'État vénézuélien, avec sa totale inaction».

Il a ainsi expliqué avoir sollicité jusqu'à aujourd'hui, et toujours en vain, le ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro et la médiatrice du peuple de son pays afin qu'«ils respectent leur obligation constitutionnelle de prêter assistance à tout Vénézuélien à l'étranger» et apportent leur aide à son frère, dont le profil révolutionnaire a suscité en quelques occasions la sympathie du président Hugo Chavez.

Ilich Ramirez Sanchez a été «un combattant révolutionnaire (...) injustement condamné en France en 1997», avait ainsi affirmé en 2009 le président Chavez, qui se considère comme le père de la révolution socialiste dans son pays.

En septembre, Nicolas Maduro a indiqué que «d'un point de vue humain» le gouvernement continuerait d'«appuyer» Carlos, des déclarations jugées trop vagues par Vladimir Ramirez.

Ce militant pour la cause qu'a défendue son frère, et lui-même ancien membre du Front pour la libération de la Palestine (FPLP) a à cet égard dénoncé «le silence du gouvernement».

Contacté par l'AFP, le gouvernement vénézuélien s'est refusé à tout commentaire.

Par ailleurs, Vladimir a indiqué être en contact permanent avec son frère, qui, malgré sa faiblesse physique, se porte «émotionnellement très bien». «Il ne renie par ce que fut sa lutte, la cause palestinienne est toujours d'actualité. Ses convictions se sont renforcées», a-t-il ajouté.

Affirmant «ne rien attendre du procès» à venir, il a estimé que Carlos avait «déjà été condamné, le procès (ne servant) qu'à confirmer la sentence».

Vladimir Ramirez a également accusé l'État français d'avoir «mis tous les obstacles pour qu'il n'y ait aucune possibilité de procès correct» et a fustigé le film d'Olivier Assayas sur la vie de son frère, «condamnée publiquement».

Né en 1949 au Venezuela, Carlos sera jugé pour des attentats contre le train Toulouse-Paris Le Capitole, le 29 mars 1982 (cinq morts), le siège du magazine Al-Watan Al-Arabi rue Marbeuf à Paris, le 22 avril 1982 (un mort), la gare Saint-Charles de Marseille (deux morts) et un TGV à Tain-L'Hermitage (trois morts), le 31 décembre 1983.