La Grèce était privée de tout journal d'information mardi pour cause d'un débrayage des journalistes à la veille d'une grève générale de deux jours observée par les syndicats, qui protestent contre le nouveau projet de loi d'austérité devant être voté jeudi au parlement.

Environ 2000 journalistes ont manifesté dans le centre d'Athènes contre la hausse du chômage qui touche le secteur des médias et le gel des conventions collectives, prévu dans ce projet de loi contesté, élaboré par le gouvernement socialiste et les créanciers du pays, Union européenne (UE) et Fonds monétaire international (FMI).

«Grève générale avec la société» était inscrit sur la banderole déployée devant les locaux du syndicat des journalistes des quotidiens, l'Esyea, dans le centre d'Athènes.

Aucun média public ou privé ni site d'information ne fonctionnait dans le pays. Le personnel de la radiotélévision publique ainsi que l'agence de presse nationale ANA étaient déjà muets depuis près d'une semaine protestant contre la suppression de plusieurs postes.

«Après deux ans d'austérité continue, le chômage dans le secteur des médias s'élève actuellement à 25% et le projet de loi de jeudi sera le coup de grâce», a indiqué à l'AFP, Dimitris Trimis, président de l'Esyea, alors que les statistiques officielles du chômage en Grèce, publiées mardi, montrent une aggravation du taux général, à 16,5% en juillet.

Outre le gel des conventions collectives et la hausse de l'imposition pour les particuliers, le projet de loi prévoit la mise en chômage partiel de 30 000 salariés du secteur public d'ici fin 2011 et une grille unique des salaires dans la fonction publique.

Plusieurs ministères restaient occupés mardi, leurs façades couvertes de panneaux noirs.

Outre les journalistes, les agents du fisc, le personnel municipal, les magistrats et nombre de médecins continuaient leurs propres mouvements lancés lundi tandis que les marins ont prolongé leur grève mercredi et jeudi, jours de grève générale à l'appel de la Confédération générale des travailleurs (GSEE) pour le privé et de la Fédération du public, l'Adedy.

Mercredi, l'ensemble des vols des compagnies grecques Aegean Airlines et Olympic Air sera annulé tandis que des retards importants sont prévus chez les compagnies internationales, la grève touchant les aiguilleurs du ciel.

Le pays vit depuis des semaines au gré des débrayages sectoriels et des manifestations, les rues d'Athènes comme celles de Salonique restant envahies par des tonnes d'ordures en raison d'une grève des éboueurs.

Le gouvernement de Georges Papandreou n'a cessé de répéter que si la législation entérinant de nouveaux efforts n'était pas adoptée cette semaine, avant le sommet de l'UE dimanche à Bruxelles, les partenaires européens de la Grèce lui refuseraient les prêts dont elle a un besoin pressant pour éviter le défaut de paiement.

«Afin de livrer cette bataille, il faut remplir nos obligations et voter ce projet de loi», a déclaré lundi M. Papandreou en conseil des ministres.

De son côté, le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, s'est montré peu optimiste sur les résultats du sommet européen de dimanche.

«Il ne faut pas qu'on ait de grandes espérances (...), si les Européens n'arrivent pas à sauver la Grèce, ils ne seront pas capables de se sauver eux-mêmes», a-t-il déclaré mardi avant une rencontre avec le président grec Carolos Papoulias.

M. Papandréou doit présider mardi une réunion extraordinaire du groupe parlementaire socialiste (154 députés sur les 300 du parlement) avant une rencontre dans la soirée avec le chef de l'opposition de droite Antonis Samaras avec lequel il souhaiterait offrir un front uni à Bruxelles, mais que ce dernier refuse ostensiblement.