Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été confirmé dans ses fonctions vendredi lors d'un vote de confiance des députés, mais son aura est minée par des dissensions internes à sa coalition, ses ennuis judiciaires et une gestion critiquée de la crise financière.

La motion de confiance a été votée par 316 voix pour, soit 7 voix de plus que la majorité requise, et 301 contre. En signe de protestation, l'opposition n'a pas participé au débat précédant le vote.

M. Berlusconi s'est réjoui du résultat en affirmant avoir «déjoué les stratagèmes de l'opposition» qui n'a pas voté au premier appel nominatif des députés, en espérant faire ainsi tomber le quorum de présences à la Chambre des députés et invalider le scrutin.

La Bourse de Milan, déjà en hausse comme les autres places européennes dans la matinée, a accentué ses gains après la confirmation de M. Berlusconi dans ses fonctions et prenait à 12h45 GMT 2,54% (8h45, heure de Montréal).

Le résultat du scrutin, malgré quelques défections dans les rangs de sa coalition de centre-droit, va accorder un nouveau répit au Cavaliere, qui a fêté récemment ses 75 ans et gouverne le pays depuis 2008 dans le cadre de son troisième mandat en 17 ans. Il s'agissait du 51e vote de confiance remporté par son exécutif en trois ans.

Mais les éditorialistes politiques ont parlé d'«agonie interminable» et de «crépuscule» de Berlusconi, en soulignant les dissensions apparues à l'intérieur de son parti PDL, avec une fronde de poids lourds de l'ex-démocratie chrétienne, et la fragilité de son allié, la Ligue du nord, en butte à une révolte de sa base électorale.

«La sensation est d'un gouvernement qui continue sa route poussivement vers le terminus et espère arriver à la fin de l'année», a estimé Massimo Franco, expert politique du journal Corriere della Sera.

À l'annonce du résultat du vote, des jeunes «indignés» qui avaient improvisé un sit-in, ont lancé des oeufs vers le bâtiment abritant la Chambre des députés en criant «honte honte» et en rappelant la mobilisation prévue samedi à Rome où jusqu'à 200 000 manifestants sont attendus.

M. Berlusconi a vu sa popularité chuter à son plus bas historique (24%) en septembre après des semaines de tergiversations de son gouvernement sur des mesures d'austérité budgétaire, qui ont fait grimper les taux obligataires et chuter la Bourse pendant l'été. Les dissensions internes à la coalition ont laissé une impression de désordre.

Rome a ensuite été sanctionnée avec la dégradation de la note souveraine italienne par les agences de notation qui ont souligné les risques posés en pleine tempête sur la zone euro, par l'énorme dette italienne (120% du PIB) et une croissance poussive. Les agences Standard and Poor's et Moody's ont aussi pointé du doigt des «incertitudes» politiques.

Déjà empêtré à Milan dans le procès Rubygate pour prostitution de mineure, le Cavaliere a été rattrapé par un autre scandale sexuel datant de 2008/2009 dans lequel deux affairistes sont soupçonnés de lui avoir fourni des prostituées pour des fêtes torrides surnommées «bunga bunga» dans l'espoir de décrocher des marchés publics.

Autre front difficile pour le Cavaliere, ses relations avec le ministre de l'Économie Giulio Tremonti, respecté à l'étranger pour sa ligne de rigueur, sont exécrables: ils sont en désaccord sur des mesures de relance de l'économie réclamées par les agences de notation et la Banque centrale européenne et sur le choix du successeur de Mario Draghi à la tête de la Banque d'Italie.

Pour Stefano Folli du Sole 24 Ore, Berlusconi a joué vendredi «sa dernière carte» dans le but de «durer encore pour quelques mois pour ensuite aller à des élections» anticipées en 2012 -un an avant le terme normal de la législature- «en sauvegardant l'alliance avec Bossi».

Le magnat des télévisions avait décidé de poser la question de confiance pour débloquer la situation au Parlement après avoir été mis en minorité mardi sur le premier article d'un texte législatif contenant le bilan 2010 de l'État italien.

Sans ce texte, les budgets suivants ne peuvent pas être adoptés, tout comme les mesures pour relancer l'économie, que M. Berlusconi a annoncées pour la semaine prochaine.