Silvio Berlusconi s'est posé jeudi comme unique solution pour sortir l'Italie de la crise, affirmant qu'il n'y a pas d'alternative crédible à son gouvernement, lors d'un discours devant les députés auxquels il a demandé de lui renouveler leur confiance.

«Sur le plan politique il n'y a pas d'alternative à ce gouvernement», a-t-il assuré au cours d'un discours d'une quinzaine de minutes, durant lequel les députés de l'opposition avaient choisi de quitter l'hémicycle.

Le discours du chef du gouvernement visait à resserrer sa majorité, en proie à des dissensions de plus en plus fortes sur de nombreux sujets (plan d'austérité, choix du futur président de la Banque d'Italie...).

Le vote de confiance doit débuter vendredi vers 10h30 GMT (6h30, heure de Montréal).

Formée autour du PDL de M. Berlusconi et la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, la coalition de centre-droit souffre en outre d'une chute de la popularité du Cavaliere, 75 ans, à son plus bas historique (24% en septembre).

La mise en minorité de la droite mardi lors d'un vote au parlement, interprétée par l'opposition comme une crise majeure, n'est qu'«un incident technique, certes grave» mais sans conséquence politique, a ajouté le président du Conseil dans son intervention qui ne contenait aucun engagement précis.

«Demain, c'est sûr à 100%, nous obtiendrons la confiance», a réagi Osvaldo Napoli, un député du PDL proche du Cavaliere, tandis que Marco Reguzzoni, chef des députés de la Ligue du Nord a assuré que le gouvernement «va de l'avant pour mener à bien les réformes prévues».

L'opposition a pour sa part immédiatement attaqué ce discours, «piteux sur le plan politique», selon Pier Luigi Bersani, chef du Parti démocrate (PD), principal parti d'opposition.

«Le président Berlusconi n'a rien dit de nouveau. Cela a été la même liste de promesses qui, nous le savons très bien, ne seront jamais tenues», a estimé pour sa part Aldo Di Biagio, député du FLI, un parti regroupant les ex-alliés de Silvio Berlusconi qui ont suivi le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini dans l'opposition.

Le chef du gouvernement italien a invoqué la crise économique et financière qui frappe l'Italie, confrontée à l'attaque des marchés en raison de son énorme dette de quelque 1900 milliards d'euros (2671 milliards de dollars, environ 120% du PIB), pour rejeter les multiples appels à sa démission.

«Qui peut croire qu'un gouvernement technique pourrait avoir plus de force que le nôtre pour adopter des mesures impopulaires», a-t-il dit, répondant aux rumeurs sur la possible formation d'un gouvernement transitoire chargé de réaliser une réforme électorale et de mener le pays vers des élections anticipées.

«Les temps imposés par les marchés» financiers «sont incompatibles» avec une campagne électorale en ce moment, a-t-il plaidé.

«L'Italie a une dette énorme, mais elle a été rendue supportable grâce à l'action de ce gouvernement», a revendiqué en outre M. Berlusconi, décidé à «vouloir utiliser de la meilleure manière possible ce qui reste de la législature pour procéder aux réformes», en évoquant des élections législatives pour 2013, soit le terme normal de sa législature.

Affaibli par trois procès à son encontre et plusieurs scandales sexuels, il a assuré que son gouvernement achèverait les réformes institutionnelles et de la justice auxquelles il s'est attelé. Il a aussi promis qu'un décret sur la relance de l'économie atone, réclamé avec force par le patronat italien, serait adopté rapidement, mais sans donner de détails.

La secrétaire d'État et députée proche de Silvio Berlusconi, Daniela Santanchè, a estimé que le vote de confiance de vendredi permettrait «de faire du rafistolage» et d'assurer provisoirement la survie du gouvernement. «Ensuite, advienne que pourra, et Dieu y reconnaîtra les siens», a-t-elle conclu.