La France tout entière est conviée aux urnes demain. Déjà? Ce n'est pas l'élection présidentielle, prévue pour le printemps prochain. Ni les élections législatives, attendues pour le mois de juin. Mais plutôt les «primaires citoyennes» destinées à choisir le candidat qui représentera le Parti socialiste pour affronter le président Nicolas Sarkozy en avril.

Pour la première fois de son histoire, le parti de gauche permettra dimanche à tous les Français inscrits sur les listes électorales de voter pour le candidat socialiste de leur choix, et pas seulement les membres en règle du parti. Les électeurs devront toutefois engager leur honneur avant de voter en signant une charte dans laquelle ils diront adhérer aux valeurs de la gauche: «Je me reconnais dans les valeurs de la gauche et de la République, dans le projet d'une société de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire.» Un euro devra également être déboursé.

Six candidats se présentent pour le premier tour de cette primaire. Le fantôme de Dominique Strauss-Khan a hanté toute la campagne, lui qui aurait sans doute été parmi les candidats si, si, si... Le scrutin permettra-t-il enfin aux socialistes de se trouver un candidat rassembleur pour la présidentielle? Réponse dimanche soir, ou le 16 octobre, si un second tour est nécessaire.

FRANÇOIS HOLLANDE

57 ans

Largement en avance dans les sondages, l'ancien numéro un du Parti et ex-conjoint de Ségolène Royal promet une présidence «normale» s'il est élu.

«Normale»? Oui, pour mieux trancher avec le style «bling-bling» adopté par le président Sarkozy au début de son mandat.

Hollande, élu de Corrèze, au centre du pays, se débrouille admirablement avec les questions économiques, mais son bilan de réalisations politiques est mince: il n'a jamais, contrairement à ses principales rivales, été ministre au gouvernement.

Il promet notamment 60 000 embauches d'enseignants.

Photo: AFP

François Hollande

MARTINE AUBRY

61 ans

Elle ne voulait pas se présenter contre un candidat plus puissant qu'elle Dominique Strauss-Khan en l'occurrence.

Mais après le retrait de DSK, la première secrétaire du Parti a accepté de se lancer.

Ex-numéro deux du gouvernement de Lionel Jospin les fameuses 35 heures de travail par semaine, c'est elle , elle propose de sortir la France du nucléaire, de dépénaliser le cannabis, et de taxer les transactions financières.

Son bilan à la mairie de Lille (Nord) est plutôt reluisant. Celle qui est comparée à la chancelière allemande Angela Merkel manque toutefois de charisme face à ses adversaires.

Photo: AFP

Martine Aubry

SÉGOLÈNE ROYAL

58 ans

Candidate socialiste à la présidentielle de 2007, elle avait fait naître une véritable «ségomania» chez ses partisans, mais n'a pas convaincu l'électorat français, terminant seconde avec 47% des voix.

Ancienne ministre et députée, présidente du conseil régional de Poitou-Charentes (Centre-Ouest), Royal veut mettre au pas les banques et maintenir à un niveau raisonnable les prix des produits de première nécessité.

Mais contrairement à la dernière fois, sa présence suscite peu d'enthousiasme et elle se fait distancer par Aubry et Hollande, parfois même par Montebourg, selon les sondages...

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Ségolène Royal

ARNAUD MONTEBOURG

48 ans

Président du conseil général de Saône-et-Loire (Centre-Est), le député Montebourg a annoncé sa candidature il y a près d'un an.

Il est caricaturé comme un révolutionnaire en quête d'une nouvelle république. «Devant ce champ de ruines qu'est devenu le système politique, il faut avoir le courage de construire une démocratie nouvelle qui nous aidera à réaliser notre mutation», a-t-il déclaré lors de l'annonce de sa candidature.

On l'a entendu prôner la «démondialisation», c'est-à-dire une forme de protectionnisme européen pour essayer de stopper la désindustrialisation de la France.

Orateur de talent, il a été une révélation de cette course.

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Arnaud Montebourg.

MANUEL VALLS

49 ans

Maire d'Évry (sud de Paris), le député Valls est considéré comme étant le plus à droite des candidats de ce parti de gauche.

Il plaide pour un «renouvellement» des réformes prônées habituellement par les socialistes notamment en «déverrouillant» la réforme de la réduction du temps de travail à 35h/semaine, en défendant le financement de la protection sociale par une taxe à la consommation et en imposant des «quotas migratoires».

Avec Montebourg, il est l'autre révélation de la course.

Photo: AFP

Le candidat Manuel Valls

JEAN-MICHEL BAYLET

64 ans

Seul candidat du Parti radical de gauche (centre gauche) à vouloir être chef du Parti socialiste, l'ancien ministre et sénateur rassemble une part marginale des intentions de vote moins de 5%. Il tranche néanmoins avec le reste de l'élite socialiste.

Pour sortir l'Europe de la crise, celui qui dirige le groupe de presse Dépêche du Midi propose un «gouvernement économique européen permanent».

Il est en faveur de la légalisation du cannabis, de l'euthanasie et de l'adoption par les couples homosexuels.

Quelques ennuis judiciaires reliés à du favoritisme dans le domaine de l'édition plombent sa campagne, mais il dit être lucide: il n'a aucune chance de passer au second tour.

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Jean-Michel Baylet.