Vladimir Poutine fête vendredi ses 59 ans, un anniversaire marqué par des initiatives comme celle de jeunes Russes déclarant leur flamme au premier ministre et homme fort du pays, à quelques mois de son retour annoncé au Kremlin après déjà onze ans de pouvoir.

«Bon anniversaire, Vladimir Vladimirovitch!», «59 ans, un très bon âge pour être président!», «Homme de mes rêves!», «Comment faites vous pour avoir l'air aussi fort à cet âge?», ont brandi sur des pancartes, dansant sur un air des Beatles, une poignée de jolies blondes sur un vidéo-clip visible mis en ligne vendredi.

Dans une autre vidéo postée par une organisation baptisée «Armée de Poutine», d'autres jeunes femmes préparent en petite tenue un gâteau d'anniversaire pour leur héros, goûtant au passage la crème chantilly avec des poses équivoques.

D'autres devaient se manifester plus tard sur une place de Moscou en établissant le «barème de charme» de l'homme fort du pays.

Ces jeunes femmes, qui avaient récemment appelé leurs concitoyennes à «déchirer quelque chose pour Poutine» -montrant l'exemple en arrachant leur t-shirt et dévoilant leur poitrine-, devaient «déposer un baiser sur les parties du corps de Poutine (sur une photographie) qu'elles considèrent comme les plus attirantes», selon un communiqué.

L'ex-agent du KGB, sportif accompli (ceinture noire de judo), cultive soigneusement une image d'homme d'action, se montrant tantôt aux commandes d'un avion, tantôt traquant les bêtes sauvages dans la taïga.

Les initiatives de jeunes Russes lui déclarant leur flamme se sont multipliées, leur spontanéité étant du reste mise en doute par les médias.

L'organisation de jeunesse Nachi (les nôtres), dont près de 2000 membres ont participé jeudi soir près du Kremlin au tournage d'une vidéo pour les 59 ans de M. Poutine, est ainsi ouvertement pilotée par les stratèges du pouvoir.

Un groupe «J'aime vraiment Poutine» devait organiser vendredi une dégustation des «plats préférés» du dirigeant.

Dans un autre registre, le Patriarche de l'Église orthodoxe, Kirill, a envoyé un message à Vladimir Poutine, le félicitant de veiller à «la santé morale» de la société russe, selon Interfax.

M. Poutine, qui devait fêter son anniversaire en compagnie du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, a eu l'occasion jeudi lors d'un forum devant les investisseurs étrangers, de vanter son bilan et de se défendre des accusations de «brejnevisation» suscitées par l'annonce de son retour au Kremlin.

«Nous n'avons pas besoin de grands bouleversements, nous avons besoin de la grande Russie», a-t-il déclaré, paraphrasant la formule célèbre de Piotr Stolypine, premier ministre du dernier tsar Nicolas II.

Mais ses opposants étaient sévères vendredi à l'occasion de cet anniversaire, qui est aussi celui de l'assassinat en 2006, toujours non élucidé, de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa.

«Le 24 septembre 2011 (jour de l'annonce de l'intention de M. Poutine de revenir au Kremlin) peut être considéré comme la date de décès de la politique en Russie», a écrit le journal Vedomosti.

«C'est bien sous Poutine que le pouvoir a définitivement cessé de s'intéresser à ce que pense le peuple russe», a écrit le politologue Stanislav Belkovski dans le journal populaire Moskovski Komsomolets.

Pour ajouter, maniant le paradoxe, que l'ex-agent du KGB avait offert «la liberté absolue» aux Russes en leur permettant de «cesser de prendre au sérieux l'État et ses dirigeants».

Vedomosti, citant un sondage du centre indépendant Levada, observe du reste que les Russes ont accueilli dans une certaine «indifférence» l'annonce du retour de M. Poutine au Kremlin, 52% estimant que le pays était lassé d'attendre de son leader les résultats promis.