Les services spéciaux russes (FSB) ont annoncé mercredi l'arrestation d'un espion chinois qui tentait d'obtenir des informations sur les missiles russes perfectionnés S-300, à quelques jours d'une visite en Chine du premier ministre Vladimir Poutine.

«Ce citoyen chinois, traducteur au sein de délégations officielles, tentait d'obtenir des documents (...) sur les systèmes d'armes S-300 qui constituent un secret d'État, auprès de citoyens russes auxquels il promettait une récompense», a annoncé le FSB dans un communiqué.

Annoncée moins d'une semaine avant une visite en Chine du premier ministre russe Vladimir Poutine, les 11 et 12 octobre, destinée à renforcer les liens économiques entre les deux puissances, cette affaire est surprenante à double titre.

D'une part, le FSB a annoncé presque un an après les faits que l'espion présumé, présenté comme Tong Shengyong, «a été arrêté le 28 octobre 2010 à Moscou». D'autre part, selon le FSB, les documents en question devaient permettre aux Chinois d'assurer l'entretien des systèmes S-300, missiles que Pékin a acheté à Moscou en 2010.

Tong Shengyong agissait «pour le compte du ministère de la Sécurité de l'État chinois», a précisé le FSB.

«L'acte d'accusation a été approuvé par le parquet général russe et l'affaire a été transmise au tribunal municipal de Moscou qui va l'examiner», selon le communiqué des services spéciaux russes.

Aux termes du Code pénal russe, l'accusé risque jusqu'à 20 ans de camp.

L'ambassade de Chine à Moscou n'était pas joignable dans l'immédiat.

En avril 2010, la Russie a livré à Pékin 15 batteries contenant chacune quatre missiles S-300. Outre la Chine, d'autres pays tels que la Slovaquie, le Vietnam et Chypre ont déjà acheté ce système de défense antiaérienne, déployé également dans la république séparatiste géorgienne pro-russe d'Abkhazie.

Selon l'expert militaire russe Alexandre Konovalov, les missiles S-300 vendus à de nombreux pays «ne représentent plus de secret».

«La Chine a besoin de technologies. Ils achètent parfois cinq avions russes pour lancer peu après la production d'appareils semblables avec un autre nom. Ils ont copié et continueront à copier», souligne l'expert, directeur de l'institut des évaluations stratégiques, interrogé par l'AFP.

Deux scientifiques russes de Saint-Pétersbourg ont été arrêtés en mars 2009 soupçonnés par le FSB d'espionnage au profit de la Chine.

L'affaire de Sviatoslav Bobychev et Evgueni Afanassiev, professeurs de la chaire des missiles et des appareils spatiaux à l'Université technique Baltiïski Voïenmekh, un établissement tenu secret à l'époque soviétique, a été transmise au tribunal début septembre.

Les missiles S-300 sont semblables au Patriot américain, un engin mobile de défense antiaérienne très perfectionné.

En juin 2010, Moscou a gelé le contrat de livraison à l'Iran de ces engins, après l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran aux Nations unies. Israël, les États-Unis et l'Europe s'étaient élevés contre ce contrat, craignant que cet armement ne permette de défendre efficacement les installations nucléaires iraniennes.

Ce système est capable de détruire des missiles de croisière et d'abattre des avions à une distance de 150 km et à une altitude allant jusqu'à 27 km. Il a été développé au cours des années 1980.

La Russie a renoncé à la production de ces missiles pour son armée qu'elle compte moderniser dans les 10 ans à venir avec les systèmes de nouvelle génération S-400.