Marie Dedieu, la sexagénaire française handicapée enlevée samedi matin, avait élu résidence de longue date sur l'île de Manda, près de Lamu, qu'elle appelait «son petit coin de paradis» et où elle est unanimement appréciée.

«Tout le monde, à Shela (la plage principale de Lamu), connaît Marie», témoigne pour l'AFP Abdulla Sultan, un guide local. «Tout le monde. Même les petits enfants la connaissent».

«Quand il y a un mariage ici, elle est toujours des nôtres. Elle est très amicale avec les gens», poursuit M. Sultan.

«Je n'ai pas dormi de toute la nuit, croyez-moi. Je pensais vivre un cauchemar. Je la connais», insiste le guide, une des figures de la vie locale.

Aujourd'hui âgée de 66 ans, Marie Dedieu est arrivée il y a une quinzaine d'années dans l'archipel de l'océan Indien, vivant d'abord sur la principale île de Lamu, avant de faire construire une maison il y a sept ans sur celle de Manda, qui lui fait face.

«C'est une pionnière. Elle avait un peu découvert Manda, c'était une des premières à s'y être installée. Ce n'est pas du tout la clientèle très people et très riche» qui est arrivée depuis, témoigne un diplomate français qui l'avait rencontrée l'an dernier chez elle.

Marie Dedieu a fait construire à Manda une maison traditionnelle de style swahili, avec un toit de chaume, largement ouverte sur l'extérieur, et donnant immédiatement sur la mer. «C'est un peu son petit paradis ici, c'est comme ça qu'elle en parle», poursuit cette source.

La Française a vu avec beaucoup de scepticisme la construction par d'autres ressortissants étrangers à Lamu et dans ses environs d'immenses villas, dont le luxe souvent ostentatoire tranche avec la pauvreté de l'immense majorité de la population locale, rapportent ses proches.

Un grave accident lui a fait perdre toute mobilité il y a plusieurs années, la contraignant à ne se déplacer qu'avec un fauteuil roulant.

«Elle doit prendre des médicaments»

Cela ne l'empêchait pas, levée tôt chaque matin, de se faire conduire sur la plage, d'y faire quotidiennement des étirements et de la gymnastique, de discuter avec des amis dans des cafés, et de ne louper aucun événement de la vie locale, a rapporté à l'AFP Abdalla Fadhil, l'ancien maire de Lamu et Manda, propriétaire du terrain où Mme Dedieu a fait bâtir sa maison.

Outre son handicap, Marie Dedieu est en mauvaise santé, s'inquiète son entourage.

«Elle doit prendre des médicaments toutes les quatre heures. Je suis sûr qu'elle souffre beaucoup» sans son traitement, explique Abdul Alim, un de ses proches amis, membre de la direction de l'hôtel Peponi, un des plus importants de Lamu.

Elle partage ses jours avec John Lepapa, un Kényan de 39 ans d'origine massaï, qui l'assiste et la suit à chacun de ses retours en France, où elle rend visite à son père âgé en Lorraine (est de la France), et où elle dispose d'un appartement à Paris.

Marie Dedieu et John Lepapa venaient précisément de revenir de France mercredi, et cet élément, ajouté à la précision et à l'assurance avec lesquelles ses ravisseurs sont venus la chercher à son domicile, donnent à penser à son entourage que les malfaiteurs ont pu bénéficier de complicité locale.

«Elle était très proche de notre communauté (...) Franchement c'est une femme extraordinaire et nous sommes très très tristes de ce qui est arrivé, et tout particulièrement parce que c'est à elle que c'est arrivé», a commenté dimanche devant la presse le maire adjoint de Lamu, Ajar Ali.