Le nord du Kosovo, peuplé majoritairement de Serbes, a été mardi le théâtre d'une nouvelle flambée de violences, qui a fait quatre blessés, dont un grièvement, victimes d'une bombe artisanale, dans les rangs de la Force de l'OTAN au Kosovo, a-t-on appris auprès de la Kfor.

Cette nouvelle éruption de violence, au cours de laquelle six Serbes ont également été blessés, s'est produite à la suite du démantèlement par la KFOR, dans la matinée, d'une barricade érigée par des Serbes à proximité du poste de Jarinje, à la frontière avec la Serbie.

Les Serbes du nord du Kosovo refusent d'admettre le contrôle depuis vendredi dernier de ce poste frontière, ainsi que celui de Brnjak, par la police kosovare et celle de la Mission européenne au Kosovo (EULEX).

Ils redoutent que cela ne les isole de la Serbie et ne veulent en aucun cas dépendre des autorités de Pristina, qu'ils ne reconnaissent pas.

Ces nouveaux développements interviennent au moment où négociateurs serbes et kosovars devaient se retrouver à Bruxelles dans le cadre du dialogue engagé en mars dernier sous les auspices de l'Union européenne.

La situation qui prévaut sur le terrain a contraint toutefois de reporter les discussions de mardi à mercredi, a-t-on indiqué de source diplomatique européenne.

L'UE a condamné ces dernières violences et apporté son soutien au démantèlement des barricades par les forces de l'OTAN.

«Nous condamnons avec fermeté les violences déclenchées dans le nord du Kosovo contre la communauté internationale et nous appelons toutes les parties à faire preuve de modération et à agir dans un esprit responsable», a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne.

«L'UE exprime son soutien total aux efforts de la KFOR (Force de l'OTAN au Kosovo) et d'EULEX (mission européenne) pour réduire la tension», a-t-elle ajouté dans un communiqué.

«L'UE soutient également le démantèlement des barricades» qui «réduisent la liberté de mouvement».

C'est précisément le démantèlement de l'une de ces barricades, mardi matin, qui avait suscité la colère des Serbes du Kosovo.

Quelque 1500 manifestants ont encerclé des transporteurs de troupes de la KFOR, lançant des pierres contre les soldats de l'OTAN, qui ont dû répliquer par des gaz lacrymogènes, a constaté l'AFP sur place.

À Pristina, un porte-parole de la KFOR, Kai Gudenoge, a confirmé à l'AFP qu'«un soldat allemand de la KFOR avait été touché» par un jet de pierre et que la Force de l'OTAN avait été «contrainte de riposter en faisant usage de munitions non létales».

Selon le directeur de l'hôpital de Kosovska Mitrovica, Milan Jakovljevic, cité par l'agence serbe Beta, six Serbes blessés par balle ont été hospitalisés dans son établissement.

Quelques heures plus tard, l'explosion d'une bombe artisanale a fait quatre blessés dans les rangs de la KFOR. Selon Kai Gudenoge, l'un des soldats a été grièvement atteint.

Un calme tendu règne depuis dans le secteur.

Le nord du Kosovo avait déjà connu une très vive tension fin juillet et début août après l'initiative des autorités de Pristina de vouloir prendre le contrôle des deux postes frontaliers de Jarinje et de Brnjak.

Le président serbe, Boris Tadic, a lancé un appel au calme.

«Le maintien de la paix et le dialogue sont la seule manière de résoudre le problème» du Kosovo, a déclaré M. Tadic dans un communiqué.

«Les forces internationales sont là pour défendre les citoyens non armés et non pas pour les affronter», a-t-il ajouté en appelant la KFOR au «maximum» de retenue.

Mais M. Tadic a également invité les Serbes du Kosovo à la pondération.  «Aucun problème ne peut être résolu par les violences et la mise en danger de vies humaines ne contribue pas à la défense de nos intérêts», a-t-il relevé.