François Bayrou, président du parti centriste français MoDem, a admis mardi sur la radio France Inter s'être vu proposer des financements occultes par des porteurs de valises qu'il a «renvoyés de manière indiscutable».

«Ce que nous vivons fait honte à tout le monde», a lancé le député du sud-ouest, en s'insurgeant «contre la multiplication de réseaux rivaux de corruption».

«Qu'on ait installé au coeur de l'État des réseaux entiers!», s'est-il exclamé. «Toutes ces affaires qui viennent scandaliser l'opinion: l'affaire Takieddine, Karachi, Tapie dans un autre genre, Bourgi...», a-t-il énuméré à propos de différents dossiers mêlant argent et politique. «C'est une honte!».

Comme on lui demandait s'il s'était vu personnellement proposer des valises de billets, il a d'abord répondu de façon ambiguë: «si on me l'a proposé, les gens qui l'auraient fait se sont vu renvoyer de manière absolument indiscutable».

Pressé de dire s'il parlait au conditionnel, il est allé plus loin: «ce n'était pas au conditionnel. Lorsque des propositions de cet ordre m'ont été faites, les porteurs de valises se souviendront assez longtemps des réponses qu'ils ont entendues».

«C'est juste pour dire qu'on peut dire non», a insisté l'ex-candidat à la présidentielle de 2007. «On peut évidemment remettre dans la vie politique française quelque chose d'élémentaire, qui est une honnêteté civique».

Robert Bourgi, conseiller de l'ombre de l'Élysée pour les affaires africaines, a brisé un tabou la semaine dernière en affirmant avoir remis à l'ancien président Jacques Chirac et son premier ministre Dominique de Villepin 20 millions de dollars de dirigeants africains, un scandale embarrassant pour la droite française.

L'avocat franco-libanais a indiqué que «cinq chefs d'État africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon)- ont versé environ 10 millions de dollars» pour la campagne de Jacques Chirac en 2002.