Quatorze membres présumés de l'Ulster Volunteer Force (UVF), dont un ancien dirigeant de cette organisation paramilitaire protestante «loyaliste», ont comparu mardi à Belfast dans le plus important procès de ce type en Irlande du Nord depuis plus de 20 ans.

La police était déployée en nombre autour et à l'intérieur du tribunal, de crainte d'incidents, après un été émaillé de violences dans la ville.

Mark Haddock, ex-dirigeant de l'UVF âgé de 42 ans, et ses 13 co-accusés vont devoir répondre de multiples charges liées au meurtre il y a dix ans d'un leader d'une organisation paramilitaire loyaliste rivale, Tommy English.

Le chef de l'Ulster Defence Association (UDA) a été abattu en octobre 2000 à l'âge de 40 ans, sous les yeux de sa femme et de ses enfants, dans sa maison de Belfast.

Son assassinat s'inscrivait dans une série de meurtres alimentés par les dissensions sanglantes entre l'UVF et l'UDA.

Le procès pourrait durer trois mois.

Avant même l'ouverture de l'audience, des manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice, certains brandissant des banderoles dénonçant le retour de l'époque des procès dits des «supergrasses» (repentis) dans les années 1980.

Des dizaines de membres de groupes paramilitaires avaient alors été condamnés sur la base des dénonciations de «repentis» qui avaient accepté de témoigner contre eux en échange de peines réduites, d'une nouvelle identité ou de la possibilité de vivre en dehors de l'Irlande du Nord.

Les partisans des 14 accusés craignent qu'ils ne soient jugés en grande partie sur la base des déclarations de deux ex-comparses, David et Robert Stewart, qui ont accepté de témoigner en vue d'obtenir une réduction de peine.

En application des mesures de sécurité exceptionnelles, les témoins et les membres de la famille de la victime ont été installés dans une pièce spéciale, dans un autre bâtiment relié par vidéo à la cour.

Mark Haddock est lui assis dans un box à l'écart des autres accusés, bénéficiant d'une protection spéciale.

Deux des suspects jugés avec lui ont été accusés d'avoir tenté de l'assassiner il y a cinq ans, mais les poursuites ont été abandonnées.

En 2007, un rapport avait souligné la collusion entre les forces de sécurité britanniques et le groupe qu'il dirigeait, accusé d'une dizaine de meurtres à Belfast.

Désignées sous l'appellation de «Troubles», les trente années de conflits interconfessionnels en Irlande du Nord ont fait 3.500 morts, avant la signature des accords de paix en 1998.