Neuf personnes, dont plusieurs policiers, ont été tuées dans trois attentats suicide à Grozny mardi soir, des attaques qui illustrent la fragilité de la normalisation en Tchétchénie face à la rébellion que Moscou n'arrive pas à juguler depuis plus de dix-sept ans.

Le bilan est monté à neuf morts, l'un des policiers ayant succombé à ses blessures, a indiqué à l'AFP Alvi Karimov, porte-parole du président tchétchène Ramzan Kadyrov.

Vingt-et-une personnes ont été blessées, dont cinq hospitalisées dans un état très grave.

Les attentats en plein centre de la capitale tchétchène, près du parlement de la république, ont été commis «par trois kamikazes», a ajouté M. Karimov.

La première explosion s'est produite quand des policiers ont tenté d'interpeller un homme suspect dans une rue de Grozny pour vérifier ses papiers d'identité. Il a alors activé une bombe qu'il portait sur lui, tuant deux policiers.

Deux autres kamikazes ont actionné leurs ceintures d'explosifs un peu plus tard au même endroit, alors qu'avaient afflué policiers et badauds.

«Il s'agit d'un attentat terroriste», a déclaré le ministre russe de l'Intérieur Rachid Nourgaliev.

Deux kamikazes ont été identifiés, a indiqué le ministre de l'Intérieur tchétchène Rouslan Alkhanov. Il s'agit de jeunes gens de 21 et 22 ans dont l'un était étudiant à l'université du pétrole.

Selon Ramzan Kadyrov, l'un d'eux est «le frère d'un autre terroriste qui avait commis un crime sanglant analogue il y a un an». «Il s'est avéré que c'est une famille de terroristes».

Les engins qui ont explosé étaient d'une puissance équivalente à 3 kg de TNT, a indiqué le porte-parole du comité d'enquête russe Vladimir Markine.

Les attaques sont survenues le jour où les musulmans fêtaient Ouraza baïram (Aïd al-Fitr) marquant la fin du mois de ramadan.

«Ceux qui ont envoyé ces bandits en ville en ce jour sacré pour les musulmans n'ont ni honneur, ni religion, ni nationalité. Il faut mener contre eux une lutte sans merci. Ce ne sont pas des êtres humains, c'est une engeance de l'enfer», a lancé Ramzan Kadyrov, selon son site officiel.

Ces attentats illustrent la fragilité de la normalisation en Tchétchénie face à la rébellion qui ensanglante aujourd'hui tout le Caucase russe et que Moscou n'arrive pas à  stopper depuis 1994, début de la première guerre en Tchétchénie.

«C'est une gifle à Ramzan (Kadyrov). Les attentats ont montré qu'il n'y a aucune stabilisation en Tchétchénie, alors que c'est ce que Moscou réclame», a commenté à l'AFP Alexeï Malachenko, expert du Caucase au centre Carnegie de Moscou.

Le fait qu'il y ait eu trois kamikazes témoigne que l'attaque a été soigneusement préparée et «doit être prise très au sérieux», poursuit l'expert. «Je pense que cela va se répéter».

Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et étendue aux républiques voisines pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

Les républiques du Caucase sont presque quotidiennement le théâtre d'attaques, d'embuscades, d'explosions ou d'attentats.