Un million de pèlerins catholiques ont accueilli samedi soir Benoît XVI pour une veillée sur l'aérodrome de Cuatro Vientos, près de Madrid, perturbée par un violent orage qui a contraint le pape à interrompre un moment son discours.

À perte de vue, une marée humaine de centaines de milliers de jeunes, garçons et filles, avait déferlé sur la base aérienne, par une chaleur torride, déambulant avec des drapeaux, allongés ou adossés les uns aux autres, avec leurs aumôniers.

Ils scandaient «Viva el papa» et «Benoît» dans différentes langues, applaudissaient. Certains prenaient le temps d'écrire des petits mots sur le drapeau de l'autre, ou passaient bras dessus bras dessous, fraternisant.

Nombre d'entre eux avaient parcouru entre trois et dix kilomètres à pied, casquettes et chapeaux vissés sur la tête, éventails ou bouteille d'eau à la main, pour arriver à Cuatro Vientos, par 38 degrés et un soleil brûlant.

L'hôpital de campagne était bondé de jeunes ayant eu des malaises.

«Je suis venue voir le pape, mais nous sommes parqués ici parce qu'il n'y a plus de place dans la zone C2 où nous étions prévus», regrettait Camila Rossi, une étudiante italienne, assise sur un tapis de sol.

Après avoir parcouru une partie de l'esplanade à pied, Benoît XVI est monté sur une estrade blanche de 200 mètres de long.

La cérémonie a pu commencer, par une chaleur lourde. Puis l'orage a éclaté, brusquement, au moment où le pape commençait son discours, saluant les jeunes en plusieurs langues.

Une bourrasque a arraché sa calotte. Benoît XVI, protégé par un grand parapluie blanc, a fini par s'interrompre. Ses cheveux blancs ébouriffés, souriant, il a attendu pendant une vingtaine de minutes que la tempête se calme avant de reprendre son discours.

«Merci pour votre joie et votre résistance. Votre force est supérieure à la pluie. C'est le seigneur qui nous donne sa bénédiction avec cette pluie», a-t-il alors lancé.

Il a ensuite quitté la scène pour aller revêtir son habit liturgique, couleur or, et lancer «l'adoration du Saint-Sacrement», qui devait durer toute la nuit.

Les pompiers, pendant son absence, ont consolidé une structure recouverte de toile au-dessus de l'estrade, qui semblait fragilisée par le vent.

Dimanche matin, le pape reviendra pour la messe de clôture des JMJ à Cuatro Vientos, où les jeunes auront passé la nuit.

Le pape avait commencé sa journée dans le parc du Retiro, à l'abri des regards, où il a confessé quatre jeunes pèlerins, montrant l'importance qu'il accorde au sacrement de pénitence.

Il s'est installé dans l'un des 200 confessionnaux en toile blanche où défilent des milliers de pèlerins depuis mercredi, pour écouter les confessions de deux jeunes Français, d'une Suissesse allemande et d'une Espagnole.

Au cours de cette journée éprouvante pour cet homme de 84 ans, il s'est adressé à 6000 séminaristes de toutes origines, en tenues strictes ou décontractées, à la cathédrale de La Almudena, leur demandant de «ne pas se laisser intimider par un environnement qui prétend exclure Dieu».

Le scandale de pédophilie chez les prêtres, auquel il n'a fait aucune allusion, conduit la hiérarchie de l'Église à faire davantage attention à la maturité psychologique des candidats à la prêtrise.

«N'avancez jusqu'au sacerdoce que si vous êtes fermement persuadés que Dieu vous appelle à être ses ministres et pleinement décidés à exercer ce ministère dans l'obéissance aux dispositions de l'Église», a conseillé Benoît XVI.

Parmi ces obligations figurent «la décision de vivre le célibat, le détachement des biens de la terre, la sobriété de la vie».

Dans la sacristie de la cathédrale, Benoît XVI a été salué par le chef de l'opposition conservatrice espagnole, Mariano Rajoy, après avoir eu la veille un entretien avec le chef du gouvernement socialiste, Jose Luis Rodriguez Zapatero, alors que des élections sont prévues en novembre en Espagne.

Le Vatican n'a pas entretenu de bonnes relations pendant six ans avec ce gouvernement, qui a fait adopter plusieurs lois libéralisant l'avortement ou le mariage homosexuel.