Quelques dizaines de voitures incendiées dans la semaine à Berlin inquiètent jusqu'à la chancelière allemande Angela Merkel et s'invitent dans la campagne électorale locale.

Pour la quatrième nuit consécutive, des voitures ont été incendiées dans différents quartiers de la capitale allemande dans la nuit de jeudi à vendredi, sans motif apparent.

On reste toutefois très loin des récentes émeutes en Grande-Bretagne ou d'une nuit de la Saint-Sylvestre dans nombre de villes françaises: onze véhicules ont été détruits, neuf la nuit précédente, 15 celle d'avant.

«Qu'est-ce que c'est que ce comportement ?», s'est emportée jeudi Mme Merkel, se disant «préoccupée» par des actes qui «jouent froidement avec des vies humaines».

Alors que certains journaux comme le Tagespiegel (centre-gauche), au ton généralement mesuré, évoquaient «une atmosphère surréaliste de guerre civile», la chancelière, qui s'exprimait lors d'une cérémonie à Wiesbaden (ouest), a appelé à renforcer la présence des forces de l'ordre, assurant que «pour ce faire, le gouvernement (était) mobilisé».

Le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe Uwe Schünemann, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel, envisage de mettre ce dossier à l'ordre de jour d'une réunion avec ses homologues des autres États régionaux pour éviter la contagion.

La police berlinoise, qui a offert 5000 euros (environ 7100 dollars canadiens) de récompense à toute personne susceptible de l'aider, semble incapable de mettre un terme aux incendies.

«Entre le moment où l'incendiaire place son allume-barbecue sur l'une des roues d'une voiture et le moment où celui-ci prend feu, il se passe au moins un quart d'heure, un temps largement suffisant pour prendre la fuite», explique la chef de la police berlinoise, Margarete Koppers, au quotidien Berliner Zeitung.

Personne n'a encore été arrêté, si ce n'est, vendredi, un incendiaire présumé de poussettes, un livreur de journaux de 29 ans.

Les motivations des auteurs restent mystérieuses.

Un lien avec les émeutes britanniques? «Absolument aucun indice permettant de l'affirmer», répond Mme Koppers. Des actions politiquement explicables? Non, dit-elle encore. «De nombreux incendies en 2009 visaient des automobiles de prix élevé (...) il y avait un objectif politique clair. Ce n'est pas le cas pour les actes actuels», précise-t-elle.

La droite berlinoise pense différemment et fait de ces incendies un thème de sa campagne avant l'élection du gouvernement régional de la ville État de Berlin, le 18 septembre.

La CDU de Mme Merkel va lancer lundi une nouvelle campagne d'affichage: les panneaux montrent une photo de voiture incendiée surmontée de la question «Est-ce que Berlin doit comprendre ça?», une allusion au slogan du maire sortant, le social-démocrate (SPD) Klaus Wowereit: «Comprendre Berlin».

La tête de liste CDU, Frank Henkel, attaque la politique conduite par le SPD et son allié d'extrême gauche Die Linke, accusés d'avoir procédé à des «économies destructrices» sur le dos de la police.

Et un autre membre de la CDU, le président de la commission parlementaire de l'Intérieur, Wolfgang Bosbach, a même agité le spectre du terrorisme d'extrême-gauche.

«La terreur de la RAF a elle aussi commencé par de simples incendies volontaires», a-t-il dit sur la chaîne d'info N24 en référence à la Fraction armée rouge, auteur d'attentats meurtriers dans les années 1970.

En 2010, 54 véhicules ont été incendiés à Berlin, contre 221 en 2009. Pour 2011, y compris les incendies de cette semaine, le total est déjà de 158.

Traditionnellement, des feux de voitures ont lieu le 1er mai lors d'échauffourées entre militants d'extrême gauche et forces de l'ordre.