Benoît XVI a présidé vendredi soir dans un grand recueillement un chemin de croix, moment central des JMJ de Madrid, où les jeunes pèlerins catholiques ont été appelés à intervenir contre toutes les souffrances et injustices, y compris les crimes sexuels contre les enfants.

La Via Crucis, sur le Paseo de Recoletos, large avenue du centre-ville, a évoqué au fil des 14 stations les «péchés de l'humanité».

Des centaines de milliers de jeunes s'étaient rassemblés au passage de la croix pendant qu'à quelques centaines de mètres de là, quelques milliers de manifestants défilaient contre la visite papale.

Des jeunes, notamment du Proche-Orient, d'Irak, du Soudan, de Haïti et du Japon, ont transporté la croix des JMJ en présence du pape, assis place de Cibeles sur une grande estrade blanche.

Un passage a été consacré aux «sévices sexuels», «crimes contre les enfants» et «péchés contre la chasteté», rappelant les crimes des prêtres pédophiles qui ont discrédité l'Église dans plusieurs pays occidentaux.

Les immigrés qui luttent «jusqu'à la mort» pour une «vie digne», les victimes de la guerre et des persécutions religieuses, les malades du sida marginalisés, «considérés comme le rebut de l'humanité et qui attendent que quelqu'un d'occupe d'eux» ont été évoqués, pendant que les centaines de milliers de jeunes observaient un silence impressionnant.

«Chers jeunes, vous qui êtes très sensibles à l'idée de partager la vie avec les autres, ne passez pas à côté de la souffrance humaine, où Dieu espère en vous afin que vous puissiez donner le meilleur de vous-mêmes: votre capacité d'aimer et de compatir», a conclu le pape, âgé de 84 ans, à la fin d'une éprouvante deuxième journée à Madrid.

La place donnée au catholicisme et la dimension de ces Journées ont continué de susciter des polémiques et incidents entre manifestants opposés à la visite du pape et police.

À la Puerta del Sol à Madrid, les agents des unités antiémeutes étaient intervenus jeudi soir pour disperser à coups de matraque un groupe d'environ 150 manifestants.

Vendredi, les manifestants étaient à nouveau plusieurs milliers dans les rues de Madrid, protestant contre le coût de la visite du pape et des JMJ, et contre les violences policières des deux jours précédents.

«Nous sommes pour la liberté d'expression, et aussi pour le respect et la correction. S'il y a eu des aspects déplaisants, ils restent marginaux», a affirmé le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi.

Les organisateurs soutiennent que les JMJ ne coûteront rien au contribuable espagnol et que les retombées seront de 100 millions d'euros pour l'économie locale. Environ 30% des coûts sont assumés par des parraineurs privés, le reste par les pèlerins, assurent-ils.

Du côté des jeunes catholiques, au milieu des catéchèses, concerts, confessions, célébrations et débats, les groupes ont fraternisé dans la fatigue et la chaleur.

Vendredi matin, Benoît XVI avait rencontré au palais de la Zarzuela le roi Juan Carlos et la reine Sofia.

Puis, au majestueux monastère de San Lorenzo à l'Escorial, à 50 kilomètres de Madrid, il a encouragé 1600 jeunes religieuses, voilées de blanc, de gris, de bleu ou de noir, à la «radicalité» de leurs engagements sur les fronts humanitaires et spirituels, «face au relativisme et à la médiocrité».

Il a alors parlé d'«une sorte d'éclipse de Dieu, une certaine amnésie, voir un réel refus du christianisme et un reniement du trésor de la foi reçue».

L'ancien professeur qu'est Joseph Ratzinger a ensuite demandé à 1.500 jeunes professeurs de lutter pour empêcher que l'Université, lieu de la «recherche de la vérité profonde», ne devienne une simple institution «utilitaire» au service du «marché».

Benoît XVI a aussi déjeuné à la nonciature avec six jeunes gens et six jeunes filles de cinq continents, une tradition à chaque JMJ, avant de recevoir la visite du premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.

Avec le chef du gouvernement, selon un communiqué espagnol, la situation humanitaire dramatique dans la Corne de l'Afrique, les émeutes dans le monde arabe» et «l'idéologie xénophobe qui menace les valeurs de la liberté religieuse et la coexistence caractéristique de la société européenne» ont été évoquées.