«C'était très drôle. J'étais avec un prêtre qui ne parlait pas anglais, mais Dieu m'a compris», s'amuse Linus, un pèlerin namibien, venu profiter des 200 confessionnaux blancs installés dans le parc du Retiro à Madrid, pour les Journées mondiales de la jeunesse.

Des centaines de prêtres et évêques catholiques vont se relayer dans ces confessionnaux en forme de voile de bateau, jusqu'à samedi, quand le pape Benoît XVI viendra lui-même confesser des jeunes triés sur le volet.

Surveillés par des dizaines de volontaires chargés d'empêcher les curieux de trop s'approcher, les prêtres, assis, écoutent patiemment les confidences des pèlerins, protégés d'un soleil de plomb par un toit intégré.

«Pour moi, c'est l'occasion de me confesser en Français. Ça ne m'arrive jamais!», s'amuse Sarah, une jeune Italienne de 24 ans.

Nombreux sont ceux qui veulent profiter d'un cadre ou d'un moment exceptionnel. «C'est une chance de pouvoir disposer de tous ces prêtres en même temps. Pour moi, c'est un moment très spécial», résume Mati Pellon, une Madrilène, mère de quatre enfants, après sa confession.

«À l'église, on se sent un peu enfermé alors qu'ici c'est à l'air libre, on se sent plus détendu, moins enfermé», dit Tania, une autre Espagnole.

D'ailleurs, de nombreux fidèles ont fait fi de la grille de séparation et sont passés de l'autre côté, assis par terre en tailleur, en face des prêtres, semblant tout simplement deviser.

«C'est vrai que normalement, c'est mieux chacun d'un côté de la grille. Surtout lorsque ce sont des femmes. Mais bon...», commente le responsable des confessionnaux, Daniel Gutierrez, en haussant les épaules. «3500 prêtres se sont inscrits dans 20 langues» pour se relayer durant cinq jours, assure-t-il.

Un sentiment partagé par de nombreux pèlerins. «C'est une atmosphère plus intense», dit Justin, venu avec un groupe de 60 jeunes de Kansas City aux États-Unis.

«Et puis c'est vrai qu'ici, vous pouvez avoir une conversation sans avoir peur d'être jugée. À Kansas City je connais tous les prêtres», avoue timidement à ses côtés Abigaïl, une jolie adolescente blonde de 16 ans.

Ringards les confessionnaux? «Pas du tout. C'est une très bonne idée. C'est comme un psy et c'est gratuit», s'exclame Pierre Bourreau, un Français de 18 ans, déclenchant le rire de son groupe.

Mais lui, comme les milliers d'autres jeunes qui ont déferlé dans le parc, a laissé la confession pour les catéchèses du matin.

Partout, le Retiro, habituellement calme pendant les vacances du mois d'août, résonne des cris et des rires des pèlerins, facilement reconnaissables aux tee-shirts, chapeaux et sacs à dos rouge-orange-jaune des JMJ.

Les barques du lac sont prises d'assaut et les jeunes se ruent sur les concerts des 65 groupes programmés. Pierre Bourreau et son groupe foncent eux voir EssentCiel, un groupe «pop-rock chrétien», «animé du désir d'évangéliser» par la musique.

Agitant leur drapeau, les pèlerins hurlent, chantent, s'applaudissent et se tapent dans les mains en croisant des jeunes de tous pays. Ils sont écrasés de chaleur et le moindre point d'eau est une excuse pour s'asperger et se rafraîchir.

Comme dans le reste de la capitale, les Français, les Italiens et les Espagnols, les plus nombreux, l'emportent largement au décibelmètre, y compris en chantant leur hymne national.

En arrivant à la hauteur des confessionnaux, Johanna, une jeune Française s'arrête soudain. «Tiens, tu viens Chloé, on va se confesser? Bon allez. On y va. On vous rejoint aux barques?», lance-t-elle à la joyeuse troupe qui l'entoure.