Benoît XVI a dénoncé jeudi, à son arrivée à Madrid, les «défis de la consommation et l'hédonisme régnants», la précarité de l'emploi pour de nombreux jeunes et une «discrimination ouverte ou larvée» contre les jeunes pratiquants catholiques.

Accueilli par le roi d'Espagne Juan Carlos, appuyé sur une béquille, et la reine Sofia, à l'aéroport de Madrid, le pape a aussi confié son «immense joie» d'être venu aux Journées mondiales de la Jeunesse.

«Écouter, prier ensemble avec les jeunes» et «célébrer l'eucharistie avec eux me causent une immense joie», a-t-il lancé dans son discours d'arrivée.

Sous un ciel plombé, derrière une rangée d'enfants déguisés en gardes suisses, dont un petit handicapé, les jeunes des JMJ agitaient des drapeaux, applaudissaient, scandaient «c'est la jeunesse du pape».

Ces troisièmes JMJ qu'il préside (après Cologne en 2005 et Sydney en 2008), «apportent un message d'espérance, comme une brise d'air pur et juvénile, avec des parfums nouveaux qui nous remplissent de confiance pour le demain de l'Église et du monde», a-t-il dit.

Sans évoquer les scandales des prêtres pédophiles, Joseph Ratzinger a évoqué les trois défis moral, économique et religieux auxquels font face les jeunes des 193 pays représentés.

«Ils voient la superficialité, la consommation et l'hédonisme régnants, tant de banalité au moment de vivre la sexualité, tant de manques de solidarité, tant de corruption. Ils savent que, sans Dieu, il serait difficile d'affronter ces défis», a-t-il observé.

Benoît XVI a condamné la précarité de l'emploi des jeunes, en notant que «beaucoup de jeunes regardent avec préoccupation leur avenir face à la difficulté de trouver un emploi digne ou bien pour l'avoir perdu, ou encore parce que celui qu'ils ont est précaire et n'est pas assuré».

L'Espagne, où Benoît XVI est en visite pour la deuxième fois en moins d'un an, affiche le taux de chômage le plus élevé des pays industrialisés (20,89%). Les jeunes sont particulièrement touchés, avec 46,1% de chômeurs chez les 16-24 ans.

Enfin, le pape a insisté sur les jeunes croyants qui souffrent de persécutions religieuses et aussi plus couramment de «la dépréciation, la discrimination ouverte ou larvée» du christianisme.

«Ils sont sollicités pour s'éloigner du Christ, en les privant des signes de sa présence dans la vie publique, et en réduisant au silence son nom même», a-t-il déploré, faisant allusion aux lois qui empêchent dans certains pays occidentaux les croyants de montrer des signes religieux en public.

Parmi les jeunes catholiques, «certains se croient isolés ou ignorés par leur entourage quotidien. Mais non, ils ne sont pas seuls!» a-t-il dit dans une allusion aux jeunes rassemblés à Madrid.

Un million de pèlerins sont attendus avant la messe de clôture des JMJ dimanche.

Dans son message d'accueil, le roi Juan Carlos a parlé d'une «crise profonde des valeurs» en Occident et déclaré que «les temps ne sont pas faciles pour une jeunesse frustrée (...), qui se rebelle devant les graves problèmes» (...) «Il faut en finir avec le chomage intolérable des jeunes», a-t-il dit.

Benoît XVI a estimé que les «racines chrétiennes profondes, très fécondes» de l'Espagne doivent «l'aider à surmonter les difficultés qu'elle traverse actuellement», et il a salué aussi son héritage mystique et son rôle missionnaire «aux limites du monde».