Des centaines de milliers de pèlerins venus des cinq continents ont envahi mardi le centre de Madrid avant une messe géante en plein air, coup d'envoi des Journées mondiales de la Jeunesse, six jours de fête et de prières décriés par certains pour leur coût dans un pays en crise.

Surplombée d'une grande estrade blanche décorée d'une effigie de la Vierge et de l'Enfant, la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole, devait accueillir dans la soirée la messe d'ouverture célébrée par l'archevêque de Madrid, le cardinal Antonio Maria Rouco Varela.

Il devait être accompagné de 800 évêques, archevêques et cardinaux, et de 8 000 prêtres pour cette eucharistie dédiée au pape Jean Paul II.

Le temps fort de cette semaine sera, de jeudi à dimanche, la visite de Benoît XVI, deuxième déplacement du pape en moins d'un an en Espagne, un pays où la tradition catholique cède du terrain face à de forts courants laïcs.

Après leur installation lundi dans les écoles, gymnases ou paroisses de toute la ville, les pèlerins, venus de 193 pays, arpentaient mardi les lieux touristiques de Madrid, sous un soleil brûlant, portant le sac à dos qui accompagne chacun des 450 000 jeunes officiellement inscrits.

Dedans, un éventail, une bière sans alcool, un plan de métro, un chapelet... et même un crucifix qui «soigne toutes les maladies spirituelles».

D'autres avaient choisi le recueillement dans l'un des 200 confessionnaux blancs, en forme de voiles de bateaux, alignés dans le Retiro, le grand parc du centre de Madrid, où des prêtres venus du monde entier ont commencé à confesser les pèlerins en 30 langues.

«C'est la première fois que je participe aux JMJ, nous sommes venus du Venezuela pour faire l'expérience de la foi, partagée avec des gens du monde entier», raconte Miguel Albiares, 31 ans, qui a fait le voyage depuis Caracas et attend avec des centaines d'autres de pouvoir entrer au Musée du Prado.

Tout près de là, les travaux s'achèvent sur la place de Cibeles et le long des avenues pavoisées pour monter estrades et tribunes qui accueillent la messe de mardi, puis jeudi la cérémonie de bienvenue de Benoît XVI et vendredi le Chemin de Croix et ses 14 stations.

Avant la messe célébrée dimanche matin par le pape, en clôture de ces journées, une veillée géante doit réunir des centaines de milliers de pèlerins samedi soir sur la base militaire de Cuatro Vientos, grande comme 48 terrains de football.

Madrid a vu les choses en grand pour l'événement, qui doit réunir plus d'un million de personnes et aura coûté 50,5 millions d'euros selon les organisateurs: des dépenses qui soulèvent des critiques dans un pays étranglé par la crise économique, où un cinquième de la population est au chômage.

«C'est un abus, une stupidité, parce qu'ils occupent les places pendant plusieurs jours. D'un autre côté, c'est le tourisme, le folklore», remarque Amadeo Alaez, 78 ans, professeur d'université retraité d'espagnol et d'anglais.

Les organisateurs insistent sur le fait que l'événement est autofinancé par les contributions des pèlerins et les dons d'entreprises, et évaluent à cent millions d'euros les retombées pour l'économie locale.

«Cela tombe bien, les clients sont plus nombreux et nous vendons davantage», se félicite d'ailleurs Antonio Lopez, 70 ans, propriétaire d'un kiosque de boissons sur la place de Cibeles.

Mais mercredi soir, une centaine d'associations de défense de la laïcité se préparent à manifester à Madrid, pour dénoncer le poids de ces journées sur les dépenses publiques.

Les protestataires dénoncent notamment les coûts liés à la sécurité (plus de 10 000 policiers mobilisés), à l'hébergement, avec la mise à disposition d'écoles et salles de sport publiques, ou la réduction accordée aux pèlerins sur le coût des trajets en métro, alors que le prix du billet vient d'être brusquement porté de un à 1,50 euro.