Londres, sous le choc, a connu une troisième journée consécutive de violences et de pillages lundi, contraignant le Premier ministre britannique David Cameron à écourter ses vacances pour rentrer dans la capitale en urgence.

Le Premier ministre, qui était en vacances en Toscane (Italie), tiendra une réunion d'urgence mardi avec les services de secours et va s'entretenir avec la ministre de l'Intérieur et le chef de la police, a annoncé son cabinet dans un bref communiqué.

Au total, 215 personnes - dont un garçon de onze ans - ont été arrêtées depuis le début des violences, a déclaré lundi la ministre de l'Intérieur, Theresa May, qui a dû elle aussi mettre fin à ses vacances.

De nouveaux affrontements entre les jeunes et la police ont éclaté lundi dans plusieurs quartiers de la capitale après les premières violences survenues samedi à Tottenham (nord de Londres) et pendant tout le week-end.

«Il y a des troubles importants dans un certain nombre de quartiers à travers Londres. Par conséquent, beaucoup de policiers sont déployés, mais je demande aux parents de commencer à contacter leurs enfants pour leur demander où ils se trouvent», a déclaré le chef de la police Tim Godwin, au cours d'un point de presse improvisé devant Scotland Yard.

Dans la soirée, des groupes de jeunes se sont rassemblés dans le quartier de Hackney, dans l'est de la capitale, pillant des magasins et un camion. Plusieurs voitures ont également été incendiées jusqu'à ce que la police repousse les émeutiers, a constaté un journaliste de l'AFP.

Hackney se situe à quelques kilomètres de Stratford, dans l'est de Londres, où auront lieu les jeux Olympiques dans moins d'un an.

La police a également dû intervenir à Croydon, Lewisham et Peckham, dans le sud de la capitale.

A Croydon, un incendie impressionnant a éclaté à la tombée de la nuit alors qu'à Peckham, des commerces étaient en feu et les flammes menaçaient de se propager à d'autres immeubles, selon des images de télévision.

Les scènes de violence menaçaient également de s'étendre en dehors de la capitale. Dans la soirée, des incidents ont éclaté à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre. «Plusieurs bâtiments ont été attaqués, quelques vitrines de magasins ont été brisées et des marchandises ont été volées à plusieurs endroits», a déclaré la police de Birmingham dans un communiqué.

«Des actes criminels inspirés», selon les services de sécurité, par ceux survenus samedi à Tottenham, déjà le théâtre d'émeutes en 1985.

Les premiers troubles avaient en effet éclaté samedi dans ce quartier multiethnique et déshérité du nord de Londres dans la foulée d'une manifestation pour réclamer «justice» après la mort d'un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué lors d'une opération des forces de l'ordre contre la criminalité au sein de la communauté noire.

Des habitations avaient été brûlées, des véhicules de police et un autobus incendiés, 29 personnes blessées, faisant de cette nuit de violences l'une des pires dans la capitale britannique depuis plus de vingt ans.

«C'est parti visiblement de ce qui s'était passé à Tottenham... Mais ça ressemble fort à une excuse, ça n'a juste aucun sens», a déploré Williams Falade, 28 ans, responsable d'un club de gymnatisque à Brixton.

Un sentiment partagé par le numéro deux du gouvernement, Nick Clegg, qui s'est rendu à Tottenham lundi et a condamné une «vague de violence gratuite», n'ayant «absolument rien à voir avec la mort de Mark Duggan», un père de famille.

Une commission de contrôle indépendante a ouvert une enquête sur les circonstances du décès de Mark Duggan, alors que certaines informations de presse laissaient entendre que les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sans avoir été attaquées. Les résultats des expertises balistiques étaient attendus mardi.